TANZANIE
Nom officiel | République unie de Tanzanie (TZ) |
Chef de l'État et du gouvernement | Samia Suluhu Hassan (depuis le 19 mars 2021) |
Capitale | Dodoma |
Langues officielles | Anglais, swahili |
Unité monétaire | Shilling tanzanien (TZS) |
Population (estim.) |
65 444 000 (2024) |
Superficie |
945 500 km²
|
La Tanzanie postsocialiste
Dans les années 1980, le socialisme, qui était la fierté d'une grande partie de la population et avait contribué au renom international de la Tanzanie, céda face aux pressions internes et externes. Les échecs des politiques menées et le poids du contexte économique international se conjuguèrent pour opérer, en quelques années, le passage d'une économie socialiste planifiée à une économie de libre marché et à la démocratisation de la vie politique.
L'entrée dans l'ère capitaliste
L'introduction du libéralisme économique
En 1985, le président Nyerere quitta le pouvoir − tout en restant président du C.C.M. jusqu'en 1990 – pour laisser la place au nouveau président élu, Ali Hassan Mwinyi, qui était président de Zanzibar depuis 1984. L'adoption de plans d'ajustement structurel sous la tutelle de la Banque mondiale et l'octroi de crédits par le Fonds monétaire international marquèrent le tournant vers la libéralisation de l'économie. Sous le gouvernement Nyerere, l'idéal socialiste d'indépendance économique s'était déjà accommodé de pratiques capitalistes par le biais de financements et d'investissements étrangers, mais les nouveaux programmes de dérégulation en matière économique (Economic Recovery Programme en 1986, Structural Adjustment Facility en 1987, Enhanced Structural Adjustment Facility en 1991) soulignèrent la rupture radicale avec l'ère ujamaa. Les mesures d'austérité pour réduire les dépenses publiques, contrôler la masse monétaire ou renforcer les exportations ne furent accompagnées d'aucune contrepartie pour le maintien des services publics. C'est dans ce cadre que s'opérèrent l'ouverture des capitaux des entreprises, la privatisation des industries et des entreprises étatiques, ainsi que la liberté de créer des entreprises et des banques à titre privé. Toutefois, la Constitution indique que les objectifs d'autosuffisance et d'ujamaa sont toujours à l'ordre du jour. Le seul changement notable au niveau institutionnel fut, en 1990, l'abolition du « code des dirigeants ». Interdisant aux hommes politiques toute activité commerciale ou financière, ce code avait, pendant la période socialiste, limité la collusion entre la sphère du pouvoir et le monde des affaires.
L'ouverture au multipartisme
En février 1992, le monopole du parti unique prit fin. L'introduction du multipartisme fut le fait du nouveau gouvernement en place, alors que la population avait affirmé son refus du changement lors d'une consultation organisée en 1991, et que la pression des groupes d'opposition restait faible. Les partis politiques, qui s'organisaient depuis les années 1980, déployèrent rapidement une activité intense pour espérer concurrencer le C.C.M. Il s'agissait des partis disposant d'un ancrage populaire important, comme le Civic United Front (C.U.F, Front civique uni), le Chama cha Demokrasia na Maendeleo (Chadema, Parti de la démocratie et du développement), l'United Democratic Party (U.D.P., Parti de la démocratie unie), le National Convention for Construction and Reform-Mageuzi (N.C.C.R.-Mageuzi, Convention nationale pour la construction et la réforme). Mais le C.C.M., qui restait populaire, l'emporta lors des trois élections présidentielles et législatives qui virent la victoire des candidats de l'ancien parti unique, Benjamin Mkapa en 1995 et en 2000, puis Jakaya Kikwete en 2005. À Zanzibar, Salmin Amour, l'homme fort du C.C.M. dans les îles, remporta les élections de 1990 et 1995 puis Amani Karume le fils de l'ancien président Karume, en 2005. Des fraudes lors des élections de 2000, accréditées par des observateurs internationaux et des commissions électorales nationales, dégénérèrent en violences de la part des partisans de l'opposition, mais celles-ci furent durement réprimées[...]
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Écrit par
- Bernard CALAS : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
- Marie-Aude FOUÉRÉ : post-doctorante rattachée au Centre d'études africaines de l'École des hautes études en sciences sociales
- Franck MODERNE : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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