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SI C'EST UN HOMME, Primo Levi Fiche de lecture

Primo Levi - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

Primo Levi

Lorsqu'il commence la rédaction de Si c'est un homme, Primo Levi (1919-1987) a vingt-six ans. Il vient de regagner l'Italie et de retrouver sa famille, après un an d'internement à Auschwitz. Convaincu de son devoir de révéler au monde ce qu'il a vécu, il dresse, en l'espace d'une année, un témoignage essentiel relatant le quotidien concentrationnaire, et son expérience de survivant. Le récit, au ton clair et mesuré, est rédigé de mémoire à partir des faits : de brefs chapitres y organisent des tableaux synthétiques, ou retracent des épisodes emblématiques de sa vie de prisonnier. Si c'est un homme paraît chez un petit éditeur de Turin en 1947 ; il est accueilli dans l'indifférence générale. Limpide et dépassionné, le premier livre de ce jeune chimiste turinois révèle pourtant un écrivain hors du commun, dont l'œuvre sera marquée à jamais par cette expérience au bord de l'indescriptible.

Une autobiographie de la déportation

Ce récit autobiographique dépeint la déportation de Primo Levi au camp d'Auschwitz, depuis son arrestation par la milice fasciste en Italie, le 13 décembre 1943, jusqu'à sa libération, le 27 janvier 1945. Par hasard ou, selon l'incipit de la Préface, « par chance », cet étudiant juif est arrêté au moment où l'Allemagne a le plus besoin de main-d'œuvre : il est sélectionné pour aller travailler à l'usine de Buna-Monowitz. Après l'insupportable voyage en train, c'est « l'Initiation » : les souffrances et l'éreintement du travail à l'usine commencent, tantôt aggravés tantôt suspendus par les aléas du climat ou de la distribution des tâches. Face à la logistique implacable du camp, le narrateur apprend des autres prisonniers et partage avec eux les élans d'espoir déraisonnables et les découragements soudains. Comme dans le chapitre « K.B. », ses rêves récurrents d'impossible libération sont toujours associés à la terreur de n'être pas cru ou compris : une « douleur à l'état pur » qui agite aussi le sommeil d'autres détenus, « peut-être de tous » : « Malheur à celui qui rêve : le réveil est la pire des souffrances. Mais cela ne nous arrive guère, et nos rêves ne sont pas longs : nous ne sommes que des bêtes fourbues. » Grâce à sa maîtrise de l'allemand et à un improbable examen de chimie, il est un jour affecté au laboratoire, lieu plus clément où il passera ses derniers mois de détention. Frappé par la scarlatine, il échappera à l'évacuation vers Buchenwald et Mauthausen, au cours de laquelle mourront presque tous les détenus d'Auschwitz.

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Écrit par

  • : DEA de littérature italienne contemporaine à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Média

Primo Levi - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

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