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RICHARD LONG OU LA SCULPTURE EN MARCHANT (exposition)

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Né en 1945 à Bristol (Grande-Bretagne), Richard Long goûte peu les exercices rétrospectifs exhaustifs et désincarnés ; il leur préfère en général la possibilité de réaliser de nouvelles œuvres in situ. Ce fut le cas au musée d'Art moderne et d'Art contemporain de Nice, du 31 mai au 16 novembre 2008. L'artiste britannique a pu ainsi arpenter l'arrière-pays des Alpes-Maritimes, en quête de pierres, de terre glaise ou d'argile. Elles nourrissent de toutes nouvelles créations exposées dans les salles quasi cisterciennes du musée niçois. L'exposition, bien qu'elle ne jouât pas la carte de la rétrospective, présentait néanmoins l'une des toutes premières pièces de Long, A Line Made by Walking (1967), témoignage photographique noir et blanc montrant des allers-retours répétés dans l'herbe fraîche. Dès les premiers pas, le tempo était donc donné : l'homme sculpte en marchant. « Chaque marche, bien qu'elle ne réponde pas à une définition conceptuelle, réalise une idée particulière [...]. Ainsi, chacune d'entre elles [considérée] comme art me procure un moyen idéal pour explorer les relations entre temps, distance, géographie et mesures topographiques. Ces marches sont enregistrées ou décrites de trois manières différentes : par des cartes (les Map Works), des photographies ou des textes. Une carte peut être utilisée pour préparer une marche. Elle peut aussi aider à faire une œuvre d'art. »

Dans le parcours du M.A.M.A.C., les travaux photographiques sont rapidement dépassés par la présence des récentes sculptures et interventions, aux dimensions parfois monumentales. Si l'artiste réfute pour caractériser son œuvre la dénomination de land art, ce type d'intervention sculpturale, conçu à partir de pierres ramenées dans les salles d'expositions, ne s'en s'inscrit pas moins dans ce que le land artist américain Robert Smithson avait théorisé sous forme d'opposition entre site et non-site. Si Richard Long a effectivement peu à voir avec les énormes sculptures pérennes réalisées dans le désert par le groupe d'artistes américains constitué de Robert Smithson, Michael Heizer ou Walter de Maria au tournant des années 1960, ses expériences par procuration du territoire relèvent cependant de la même logique des non-sites. « Les pierres peuvent être des marqueurs de temps et de distance ou existent comme parties d'une sculpture anonyme plus importante. Les deux types de travaux, à l'intérieur ou à l'extérieur, ont la même raison d'être. Je suis le même artiste avec la même sensibilité, bien qu'il soit important que je puisse travailler en pleine nature, dans la solitude d'esprit », déclare ainsi Richard Long. Les pièces intitulées Tideless Stones (2008), Maritime Spiral (2008) et Mediterranean Arc (2008) s'inscrivent dans un tel cheminement, qu'elles soient constituées de pierres équarries rouges ou blanches, provenant de La Turbie (à quelques kilomètres de Nice) ou d'Auvergne.

Le schéma se reproduit lorsque Long emploie la boue ou l'argile pour réaliser de grandes « peintures » murales. Pour Vallauris Arc (2008), la matière première a été prélevée à Vallauris (cité célèbre pour ses céramiques), tandis que la boue de l'Avon, fleuve irriguant Bristol (ville natale de Long), joue un rôle de premier plan dans le triptyque Stopping and Going on (2008) ou dans Tiger Hands (2008). Cette spirale noire, marquée par une suite d'empreintes de mains, constitue un lien essentiel avec les derniers travaux de l'artiste, sa série des Fingerprints (2007), des empreintes digitales faites avec de la terre chinoise et apposées sur des artefacts glanés au Maroc ou au Niger (piquets de tentes touaregs ou tablettes coraniques). La boue, cet état intermédiaire de la matière à sculpter,[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

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Pour citer cet article

Bénédicte RAMADE. RICHARD LONG OU LA SCULPTURE EN MARCHANT (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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