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QIGONG ou CHI GONG

Qigong (souvent transcrit chi gong ou chi kong en français) signifie à la fois « méthode et efficience du souffle », qi signifiant le souffle en chinois. Ce terme regroupe des techniques traditionnelles de gymnastique, de respiration, de méditation, de visualisation, de transe, de guérison charismatique et de combat. Celles-ci proviennent de contextes taoïstes, bouddhiques, néoconfucéens, savants ou populaires. Les effets attendus sont le développement de pouvoirs surnaturels ou de force surhumaine, comme le pouvoir de tordre des barres de fer, les dons de guérison et d'autoguérison, les capacités de longévité, le développement de soi.

Le qigong devint, après 1949, une catégorie générale et autonome de la médecine officielle, condamnée seulement pendant la révolution culturelle. Lors du renouveau de la Chine dans les années 1980, nombre de nouvelles méthodes de qigong apparurent et l'on vit fleurir des lignées de transmission de ces techniques ; le phénomène atteignit son apogée dans les années 1985-1986 et l'on parla de « fièvre du qigong ».

Chaque forme de qigong s'organise autour de la figure d'un grand maître, souvent repéré dès son enfance pour ses pouvoirs. Escroqueries et dérives en ont néanmoins terni l'image. Ainsi, « l'induction des mouvements spontanés » (zifa donggong), un type d'exercices s'inspirant des techniques traditionnelles de la transe, a fait l'objet de débats et de critiques. Il provoqua semble-t-il des délires chez les pratiquants et les hôpitaux psychiatriques durent ouvrir des sections pour les soigner.

Le phénomène du qigong, soutenu et développé par des personnes haut placées, a été exploité à des fins politiques et propagandistes. Des réseaux d'influence se sont constitués, qui ont appuyé le développement de recherches scientifiques dans ce domaine, rangé dans les médecines non conventionnelles en Occident. Mais le succès démesuré de l'une de ses écoles, le Falun Gong, a provoqué le déclin du qigong, désormais interdit dans les lieux publics. Il subsiste cependant des centres de qigong à vocation thérapeutique, comme le premier centre instauré en 1950 à Beidaihe pour soigner les cancéreux. Le gouvernement semble privilégier la restauration de ces pratiques dans le seul cadre traditionnel des institutions religieuses du taoïsme et du bouddhisme ou dans les milieux médicaux.

— Catherine DESPEUX

Bibliographie

M. H. Chang, Falun gong. The end of days, Yale University Press, New Haven (Conn.), 2004 (Falungong, secte chinoise. Un défi au pouvoir, trad. franç. G. Brzustowski, Autrement, Paris, 2004)

C. Despeux, Taiji quan, art martial, technique de longue vie, Guy Trédaniel, Paris, 1981 ; « Le qigong, une expression de la modernité en Chine », in J. Gernet & M. Kalinowski, En suivant la voie royale. Mélanges en hommage à Léon Vandermeersch, E.F.E.O., Paris, 1997

T. Dufresne & J. Nguyen, Taiji Quan. Art martial ancien de la famille Chen, Budostore, Paris, 1994

J. Gortais, Taï Ji Quan, l'enseignement de Li Guanghua : la tradition de l'école Yang, Le Courrier du livre, Paris, 1990

D. Ownby, Falun Gong and the Future of China, Oxford University Press, Oxford, 2008

D. A. Palmer, La Fièvre du qigong.Guérison, religion et politique en Chine, 1949-1999, éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris, 2005.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Catherine DESPEUX. QIGONG ou CHI GONG [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FALUN GONG, mouvement religieux

    • Écrit par David OWNBY
    • 795 mots

    Le Falun Gong, qui signifie en chinois « discipline de la roue du dharma », ou falun dafa, relève d'un amalgame de pratiques corporelles et spirituelles mis au point en 1992 par son fondateur, Li Hongzhi (né en 1952), et adopté par des millions de Chinois. Il fait l'objet d'une campagne de...

Voir aussi