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GRIMAL PIERRE (1912-1996)

Né en 1912 à Paris, Pierre Grimal fut élève de l'École normale supérieure, puis membre de l'École française de Rome. Après la guerre, il enseigna dans les universités de Caen et de Bordeaux. En 1952, il devenait professeur de langue et littérature latines à la Sorbonne. En 1975, il fut élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il fut administrateur de la Société des études latines. Son œuvre, d'une ampleur et d'une harmonie exceptionnelles, a contribué d'une manière décisive à l'approfondissement et à la transformation des études latines à notre époque. Il mettait ainsi en lumière leur modernité et leur intérêt fondamental. Il réalisait simultanément une triple vocation de savant, de penseur, d'enseignant.

Le savant avait été formé à l'École de Rome, où il avait développé une formation archéologique et historique qui s'épanouit sous la direction de deux grands maîtres : Jean Bayet et Jérôme Carcopino, à qui il devait plus tard consacrer un livre. Il acquit ainsi une compétence d'historien, mais elle ne se sépara jamais chez lui de l'intérêt pour les textes. L'Italie antique était pour lui à la fois une patrie et un modèle. En témoigne sa thèse : Les Jardins romains (1944) dont on doit souligner le sous-titre : Essai sur le naturalisme romain. Déjà, l'auteur savait élargir son point de vue et prendre l'histoire culturelle de Rome dans toute son ampleur. Il aborda de la même façon la période la plus glorieuse de l'histoire de Rome en montrant la grandeur de la cité et l'originalité de son idéologie : Le siècle des Scipions : Rome et l'hellénisme au temps des guerres puniques (2e éd., 1975). La science de Pierre Grimal et sa générosité, servies par une extraordinaire puissance de travail et par une grande clarté d'expression, se manifestèrent aussi dans son Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine (5e éd., 1951).

Mais il s'intéressait essentiellement aux hommes, à leurs œuvres et à leur pensée. Il publia donc Le Lyrisme à Rome (1978) et L'Amour à Rome (1979) ; on se reportera aussi à l'Histoire mondiale de la femme (4 vol., 1965). La deuxième partie de son œuvre est surtout rythmée par une série d'études biographiques qui mettent en lumière à partir des grands textes la sagesse de Rome : Virgile(1985), Cicéron (1986), Tacite (1990), Marc Aurèle (1991). On voit que de cette série d'études se dégageait toute une méditation sur la sagesse romaine, éprise de beauté, d'intelligence, de rigueur et de liberté. Ces vertus, en se combinant, permettent de concilier la tolérance et le sens de l'absolu, la sévérité et la gaieté, la liberté et l'engagement. Grimal a su démontrer tout cela à propos de Cicéron ou de Tacite. Mais les deux auteurs auxquels est allée sa plus grande sympathie sont, paradoxalement, Horace (1958 ; cf. aussi l'Essai sur l'Art poétique d'Horace, 1968) et Sénèque (principalement Sénèque et la conscience de l'Empire, 1991). La dernière de ses grandes œuvres, La Littérature latine (1994), poursuit cette réflexion.

La sagesse à laquelle on aboutit ainsi se manifeste à la fois par la compréhension et par l'exigence, qui sont conciliées par le sens de l'humanité. Cela permet par exemple de réunir Horace et Sénèque, les deux libertés d'Épicure et du stoïcisme. Mais de surcroît l'auteur établit un contact profondément vivant, une sympathie directe entre lui et les personnages dont il raconte la vie. C'est ainsi qu'il a pu écrire les Mémoires de T. Pomponius Atticus (1976) et même ceux d'Agrippine (1992) – quoique l'estime, ici, soit moins grande, mais il faut entendre tout le monde. Enfin l'amour charnel des deux patries, la grande (Rome) et la petite (le Quercy) éclate dans [...]

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Écrit par

  • : professeur de langue et littérature latines à l'université de Paris-IV-Sorbonne, administrateur de la Société des études latines

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Pour citer cet article

Alain MICHEL. GRIMAL PIERRE (1912-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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