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MARI, ethnie

Connus dans le passé sous le nom de Tchérémisse (ce nom apparaît dans les manuscrits du xe siècle), les Mari se nomment eux-mêmes mar, mari, marii, mar signifiant homme. Ils vivent essentiellement dans les régions centrales de la Volga. Environ 345 000 d'entre eux habitaient la république des Mari (ou Marii El). La région autonome des Mari a été créée en 1920, avant de devenir en 1936 république socialiste soviétique autonome des Mari. En août 1990, elle proclame son indépendance. On trouve également des groupes plus ou moins importants en Russie, au Bachkortostan, en Oudmourtie. Minoritaires au sein de leur république, les Mari y représentent 45 p. 100 de la population totale (766 000 en 2005), les Russes en constituant 55 p. 100. Des populations tatares et tchouvaches installées là depuis très longtemps habitent également la république. La capitale, Yochkar-Ola (280 000 hab. lors du recensement de 2002), est un centre industriel : bois et dérivés, industrie légère. Mais le pays n'a pas perdu son caractère rural.

Les Mari se divisent en trois groupes : Mari de la montagne (Kouryk-Mari), Mari de la plaine (Olyk-Mari), Mari de la forêt (Kojla-Mari). Une partie importante des Mari de la montagne peuple la rive droite escarpée de la Volga. Les Mari de la plaine habitent les régions boisées de la rive gauche du fleuve.

La langue mari fait partie de la branche occidentale des langues finno-ougriennes et comprend trois dialectes principaux, correspondant aux trois groupes cités précédemment. Si les dialectes de la plaine et de la forêt sont très proches, le dialecte de la montagne ne possède que deux tiers des mots en commun avec les deux premiers. Dans ces trois dialectes, on trouve, aux côtés des mots d'origine finno-ougrienne, un certain nombre de mots d'origine russe. Dans la période soviétique, on a assisté à la formation de deux langues littéraires : mari de la plaine et de la forêt, mari de la montagne, ces deux langues différant avant tout par la phonétique.

On peut considérer les Mari comme des populations indigènes. Ils ont subi de nombreuses influences culturelles : khazare, bulgare, Horde d'Or. On a même découvert des vestiges archéologiques témoignant de liens très anciens noués avec les Slaves. C'est après la chute de Kazan (1552) que la totalité de la population mari passa sous le contrôle de l'État russe. À cette époque, les rapports claniques étaient prépondérants. Dans la tradition mari, le souvenir de princes aux faits d'armes glorieux s'était perpétué, provoquant la formation d'élites clano-tribales dans une ethnie où l'existence de la féodalité n'était pas évidente. À l'époque du khānat de Kazan, certains de ces princes s'allièrent aux classes possédantes de la société tatare. Puis, dans le cadre de l'État russe, ils s'intégrèrent progressivement à la noblesse russe.

La christianisation des Mari commença dès la fin du xvie siècle, prenant une ampleur sans précédent au xviiie. Pourtant, la religion chrétienne orthodoxe resta étrangère à une population attachée aux cultes préchrétiens. Le christianisme ne parvenait pas à effacer les anciens cultes et la célébration de ses fêtes camouflait des rites préchrétiens. Un groupe de Mari de la plaine et de la forêt, les Tchi-Mari (Vrais-Mari), avait échappé à la christianisation. Les nombreux contacts que les Mari ont entretenus avec des populations musulmanes ont laissé quelques traces, même après leur christianisation : repos du vendredi par exemple. S'appuyant sur la noblesse, l'Église russe et le pouvoir tsariste luttèrent contre la survivance des cultes préchrétiens. La répression s'aggrava au xixe siècle, provoquant dans la population mari le développement d'un sentiment national-religieux. Au cours des années 1870, une secte nommée Kougou sorta[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Charles URJEWICZ. MARI, ethnie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FINNO-OUGRIENNES LANGUES

    • Écrit par Jean PERROT
    • 1 902 mots
    • 1 média
    ...1 200 000 locuteurs), qui est aussi la plus méridionale (îlots nombreux sur une aire étendue au nord et au nord-est de Saratov). Le tchérémisse, ou mari, qui comporte diverses variétés, compte environ 590 000 locuteurs, pour moitié dans la république des Maris (région de la Volga, au nord du fleuve...

Voir aussi