Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LES BEATLES, QUARANTE ANS APRÈS

Le 25 août 1969, les Beatles terminaient à Londres l'enregistrement de l'album Abbey Road, un titre qui était un hommage aux studios E.M.I. – situés au no 3 de cette rue de St. John's Wood –, qu'ils fréquentaient assidûment depuis 1962. Ils étaient bien conscients que ce disque (qui paraîtra un mois plus tard) serait leur dernier ; il est d'ailleurs significatif que le titre de l'ultime morceau du medley (pot-pourri) soit précisément The End. Comme on le sait, l'album Let It Be, bien que mis en vente en mai 1970, avait été enregistré dans sa quasi-totalité avant Abbey Road – principalement en janvier 1969.

On aurait pu croire que, avec la dissolution du groupe, annoncée aux médias par Paul McCartney en avril 1970 (mais voulue par John Lennon dès septembre 1969), le souvenir des Beatles allait progressivement s'estomper et disparaître, comme celui de tant de stars éphémères. Mais rien de tel ne s'est produit. Leur musique est considérée aujourd'hui comme « classique », y compris – et peut-être surtout – par ceux qui sont trop jeunes pour l'avoir découverte à l'époque. Depuis 1970, la vie et l'œuvre des Beatles ont donné naissance à des milliers de livres en anglais, mais seuls quelques-uns sont fondamentaux. Mark Lewisohn, qui est considéré comme le meilleur spécialiste des Beatles, et dont les découvertes furent capitales (c'est lui qui, par exemple, a trouvé dans les archives d'E.M.I. les dates de tous les enregistrements, ou qui a établi que la première rencontre entre John Lennon et Paul McCartney eut lieu le 6 juillet 1957), travaille à une biographie en trois volumes, dont le premier devrait paraître en 2010. Les disques illégaux (reprenant des concerts, des émissions de radio...), inexistants lorsque les Beatles étaient en activité, se comptent maintenant par centaines, ainsi que les vidéos, dont une est indispensable : The Beatles Anthology, une suite de cinq DVD commercialisée en 2003 par Apple Corps, la société fondée par les Beatles. Paul McCartney lui-même contribue à cette glorification du passé, puisque, lors de ses concerts, il interprète de plus en plus de morceaux de sa période Beatles (21 sur 35 dans sa tournée américaine de 2009). Ses retrouvailles avec Ringo Starr, d'abord pour un récital donné le 4 avril 2009 au Radio City Music Hall de New York (les deux hommes n'avaient plus été ensemble sur scène depuis sept ans), puis le 1er juin 2009 à Los Angeles, pour le lancement du jeu vidéo The Beatles Rockband, ont provoqué le délire de l'assistance.

Paradoxalement, l'œuvre officielle – les 211 morceaux parus en Grande-Bretagne du 5 octobre 1962 au 8 mai 1970, dont 186 composés par les Beatles – semblait être passée à l'arrière-plan, et n'était plus disponible que sur des CD de 1987, d'une qualité inférieure à celle des vinyles britanniques des années 1960. Cependant, la décision avait été prise en 2005 par E.M.I., avec le plein accord de Paul McCartney et de Ringo Starr, ainsi que de Yoko Ono et d'Olivia Harrison (ayants droit de John Lennon et de George Harrison, morts respectivement en 1980 et en 2001), d'éditer une intégrale qui restituerait fidèlement les enregistrements originaux. Sous la direction d'Allan Rouse, une équipe de techniciens a, dans les studios d'Abbey Road, numérisé les bandes d'origine pour graver ensuite des nouveaux CD. Il s'agissait d'une « remastérisation », pas d'un remixage : il n'était pas question de chercher à modifier les différents volumes sonores, à les mettre au goût du jour ou à les retravailler en fonction de la qualité médiocre de reproduction des fichiers compressés en MP3. L'équipe technique a simplement pris la liberté d'effacer quelques défauts, comme des souffles ou des bruits de micro ou de respiration.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification