Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JANÁCEK LEOS (1854-1928)

Constantes et dominantes

Janáček avait les qualités et les défauts de l'autodidacte d'exception : humble, mais volontaire jusqu'à l'agressivité ; modeste, mais sûr de sa cause ; timide, sauvage, mais tranchant. Au physique, ces traits de caractère se lisaient dans des yeux vifs, étincelants, que dominait une chevelure argentée.

Dans ses rapports avec la société, certaines options de l'homme et de l'artiste – toujours accordés chez Janáček – retiennent l'attention. Des données politiques de l'époque (une effervescence patriotique de plus en plus vive qui aboutit en 1918 à l'émancipation nationale) Janáček tient un nationalisme progressiste. À quoi s'ajoute une attirance naturelle vers le « slavisme », attirance qui lui vaut l'hostilité des partisans de Bedřich Smetana. En raison de ses origines et de ses débuts difficiles, il ressentit vivement l'injustice sociale et acquit un sens aigu du droit civique et de la démocratie politique.

Il tient de naissance et du pays de son enfance le goût de la nature qui le conduira à l'étude des chants populaires, principalement ceux de sa Moravie natale. Son attrait pour la philologie (il obtint son diplôme à l'école normale d'instituteurs dans cette discipline) le mène à élaborer ses théories sur la « musique du langage ».

Le sens de la nature marque cependant son tempérament et sa conduite d'une empreinte plus profonde encore. Se déclarant lui-même incroyant (en réalité, il est agnostique), il voit en la nature la motivation de toute chose et le recours suprême. C'est elle et son renouvellement perpétuel qui justifient à ses yeux le culte irréfragable de la jeunesse, conception qui explique son penchant pour un érotisme idéalisé au sein d'un panthéisme à la fois réaliste et poétique.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : écrivain et musicologue, secrétaire général adjoint de l'Académie Charles-Cros

Classification

Pour citer cet article

Guy ERISMANN. JANÁCEK LEOS (1854-1928) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>De la maison des morts</em>, opéra de L. Janáček, mise en scène de Krzysztof Warlikowski - crédits : Jean Marc Zaorski/ Gamma-Rapho/ Getty Images

De la maison des morts, opéra de L. Janáček, mise en scène de Krzysztof Warlikowski

Autres références

  • JENUFA (L. Janáček)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 354 mots

    Jenůfa, le troisième opéra du compositeur tchèque Leoš Janáček, a beau avoir été et demeurer son œuvre lyrique la plus populaire, sa gestation fut difficile et sa fortune incertaine. Le compositeur, accaparé par ses divers engagements professionnels, affecté par la maladie puis la mort, en 1903,...

  • FIRKUŠNÝ RUDOLF (1912-1994)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 680 mots

    L'Amérique l'avait adopté comme l'un des représentants les plus authentiques du piano tchèque. Né à Napajedla, le 11 février 1912, Rudolf Firkušný fait ses études musicales à Brno, dans la classe de Růzena Kurzová au conservatoire (1920-1927) et à l'université. Parallèlement, il...

  • LIVRET, musique

    • Écrit par Jean-Michel BRÈQUE, Elizabeth GIULIANI, Jean-Paul HOLSTEIN, Danielle PORTE, Gilles de VAN
    • 10 855 mots
    ...la métrique et de la rime. Dans Fervaal (1897), Vincent d'Indy a recours au vers libre, et Gustave Charpentier, dans Louise (1900), à la prose. Janá̌cek se nourrit de travaux d'ethnologie musicale et linguistique, et inscrit sa démarche dans une volonté militante d'illustrer la langue tchèque :...
  • MACKERRAS CHARLES (1925-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 718 mots

    L'Australien Charles Mackerras se fit le champion de Leoš Janáček en Occident et il est l'un des premiers chefs d'orchestre à avoir accompli un travail de musicologue et à présenter les œuvres dans des versions historiquement crédibles et informées, de même qu'il exigera très tôt...

  • NATIONALISME, musique

    • Écrit par Antoine GARRIGUES
    • 1 599 mots
    • 1 média
    ...d'une tradition imposée de l'extérieur. Ces peuples cherchaient, chacun à sa manière, à se dégager de l'emprise culturelle allemande et autrichienne. Des compositeurs comme Leoš Janáček (1854-1928) ou Béla Bartók (1881-1945) entreprirent de très longues recherches sur les musiques traditionnelles.
  • Afficher les 8 références

Voir aussi