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PUCELLE JEAN (mort en 1334)

Influence et survie du style de Pucelle

Le succès de l'art de Pucelle dans les milieux de la cour entraîna sans doute le maître à constituer un atelier et à former des élèves. Aussi, malgré la mort précoce de l'artiste en 1334, conserve-t-on divers manuscrits postérieurs à cette date où est imité, à s'y méprendre, le style du maître. Tel est le cas du Bréviaire de Jeanne d'Evreux (musée Condé, Chantilly), des Heures de Jeanne de Navarre(Bibl. nat.) et du Psautier de Bonne du Luxembourg (musée des Cloîtres, New York). Les émules de Pucelle n'ont pourtant su que rarement approfondir les recherches spatiales inaugurées par celui-ci. La seule exception à cette règle est offerte par un superbe exemplaire des Miracles de Notre-Dame (Bibl. nat., ms. n.a. fr. 24541), dont une peinture comporte une représentation de palais fortifié toscan qui témoigne d'une connaissance directe de l'architecture italienne.

L'influence de Pucelle ne se limite pas aux membres de son atelier : elle s'étendit à des degrés divers à tous les artistes de sa génération et resta prépondérante à Paris jusqu'au milieu du xive siècle. Hors des frontières, des échos du stype pucellien sont perceptibles très tôt dans l'enluminure anglaise, et, dans les régions germaniques, c'est à un artiste formé dans l'atelier du maître qu'il est fait appel pour compléter l'illustration d'un graduel de l'abbaye de Wettingen.

Le style de Pucelle a connu une étrange survie à la cour de France grâce à un artiste dont la personnalité n'a été dégagée que dans les années 1970 et dont la main se reconnaît dans deux manuscrits princiers exécutés au cours du troisième quart du xive siècle : Les Heures de Yolande de Flandre (coll. Yates Thompson, British Museum) et le Bréviaire de Charles V (Bibl. nat., ms. lat. 1052). Cet artiste, qui est peut-être l'enlumineur Jean le Noir, est à tous égards une « réincarnation de Pucelle », comme on l'a justement défini, et fut probablement employé comme tel. Vers 1380, Jean de Berry, grand amateur des œuvres de Pucelle, fait encore travailler cet enlumineur à ses Petites Heures (Bibl. nat., ms. lat. 18014).

L'art de Pucelle n'est pas seulement important pour l'histoire du goût ; en s'ouvrant aux recherches des maîtres italiens, Pucelle a préparé en France la révolution picturale que poursuivront après lui le Maître du parement de Narbonne et les artistes qui travaillèrent pour Jean de Berry.

— François AVRIL

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Écrit par

  • : conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris

Classification

Pour citer cet article

François AVRIL. PUCELLE JEAN (mort en 1334) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ART DE COUR

    • Écrit par Philippe VERDIER
    • 4 801 mots
    • 1 média
    ...Dans les Heures de Jeanne d'Évreux (épouse de Charles IV le Bel), on compte neuf cents « drolleries ». Il est remarquable que leur auteur, Jean Pucelle, ait été aussi l'artiste qui rapporta d'Italie les procédés de la perspective empirique sous la forme d'architectures-jouets, et que dans...
  • ENLUMINURE

    • Écrit par Danielle GABORIT-CHOPIN, Eric PALAZZO
    • 11 812 mots
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    ...s'approprient très vite les découvertes de la peinture de Giotto et des Lorenzetti ; la prépondérance parisienne s'affirme au xive siècle avec Jean Pucelle et ses collaborateurs : à la finesse du dessin, au modelé sensible, surtout dans les grisailles, ils allièrent les premiers essais de perspective...
  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    ...(Mahaut d'Artois). Des contacts existaient dont on mesure mal l'incidence. Pour la France, par exemple, la question devient particulièrement délicate avec Jean Pucelle (mort en 1334), célèbre enlumineur, bien en cour, qui connaît directement ou indirectement la production siennoise. Il en retient surtout...

Voir aussi