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PIAUBERT JEAN (1900-2002)

Né le 27 janvier 1900 à Feydieu, en Gironde, dans une famille de viticulteurs, Jean Piaubert passe sa jeunesse dans le vignoble bordelais. En 1918, après des études classiques, il s'inscrit à l'école des Beaux-Arts de Bordeaux tout en travaillant dans un atelier de décors de théâtre. Au retour du service militaire, en 1922, il s'installe à Paris et fréquente l'académie de la Grande Chaumière et plusieurs ateliers libres de Montparnasse. Il est alors peintre de paysage, attaché à de stricts principes constructifs bien qu'éloigné encore de toute forme d'abstraction. Remarqué par le couturier et mécène Paul Poiret qui lui achète des toiles, il conçoit des maquettes de costumes de scène et répond à ses commandes de tissus de mode. À la même époque, il rencontre Dufy, Derain et Friesz ; ce dernier l'invite au Salon des Tuileries de 1933, un an après sa première exposition personnelle à la galerie Zack sur le thème des plages de Deauville et d'Étretat. En 1935, il apprend le rigoureux métier de la mise en page en travaillant à l'imprimerie Draeger. Cette expérience lui sera profitable lorsqu'il illustrera des textes d'écrivains et de poètes (Alain Bosquet, Jean Cassou, Saint-Exupéry, Saint-John Perse...). Il traverse une longue période de doute : il remet en cause ses premiers principes artistiques et se tourne vers les œuvres de Kandinsky et de Picasso. À la fin des années 1930, des toiles comme Les Vignes noires (1937) ou Route de nuit (1939) posent la question de la représentation de la réalité alors que sa longue évolution vers l'abstraction semble se confirmer.

Après sa démobilisation en 1940, il peint à nouveau, abandonnant l'espace traditionnel et le sujet qui devient pour lui signe ou symbole. Ses premières œuvres non figuratives, dérivées de la géométrie sensible de Magnelli, sont présentées en 1946 à la galerie Creuze. Jean Piaubert trouve alors sa place parmi les peintres abstraits, et participe à des manifestations de groupes aujourd'hui historiques notamment à la galerie Denise René en juillet 1947. Il figure au premier Salon des réalités nouvelles (1946) et devient membre de son comité avec Arp et Pevsner. Denise René lui consacre une exposition personnelle en décembre 1947, le catalogue est préfacé par Charles Estienne. Bien que son parcours porte la marque de l'époque avec la prééminence d'une peinture d'obédience géométrique, Piaubert impose néanmoins son style propre caractérisé par la composition de surfaces nettes et claires, par de riches harmonies chromatiques à base de bruns et de noirs profonds où viennent parfois éclater des couleurs plus intenses. À partir de 1965, il glisse lentement vers un paysagisme abstrait, une exploration de la couleur et de la matière, utilisant dans ses œuvres des pierres et du sable somptueusement travaillés où l'on peut voir comme un indicible lien avec la terre de son enfance. Dans les années 1950 et 1960, Jean Piaubert participe à de nombreuses expositions internationales réunissant les tenants de l'abstraction française en même temps qu'il bénéficie d'accrochages personnels dans des galeries et des musées en Allemagne, en Belgique, en Italie, au Japon, aux Pays-Bas, au Venezuela..., dont les catalogues sont préfacés par de grands noms de la critique d'art, Frank Elgar, François Pluchart ou Michel Tapié. Il aborde la tapisserie en 1954 et réalise des décors de théâtre pour Darius Milhaud en 1961. Ces dernières œuvres sont exposées à Paris, à l'U.N.E.S.C.O. en 1998, deux ans avant l'hommage organisé par le musée de Grenoble à l'occasion de son centième anniversaire.

— Philippe BOUCHET

Bibliographie

P. Cabanne, Jean Piaubert, Éditions de l'Amateur, Paris, 1991

L. Harambourg, L'École de Paris 1945-1965, Dictionnaire des peintres[...]

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Philippe BOUCHET. PIAUBERT JEAN (1900-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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