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PONTALIS JEAN-BERTRAND (1924-2013)

Jean-Bertrand Pontalis - crédits : Ulf Andersen/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Jean-Bertrand Pontalis

« Être pris pour un psychanalyste, c’est là quelque chose d’inévitable, mais se prendre pour un psychanalyste, c’est le commencement de l’imposture. » ; « Une théorie psychanalytique qui prétendrait se suffire à elle-même – la suffisance théorique : boucler la boucle – serait par nature inadéquate à son objet. » Deux réflexions, parmi tant d’autres, qui dessinent du côté de la psychanalyse – il aura deux autres passions, l’édition et l’écriture – le profil de Jean-Bertrand Lefèvre – Pontalis, grand intellectuel épris de beauté, de simplicité et de rigueur, allergique à toute forme de dogmatisme et pour lequel l’amitié, le respect de l’autre furent des valeurs primordiales.

Né à Paris le 15 janvier 1924, issu de la grande bourgeoisie, orphelin de père à l’âge de dix ans, Jean-Bertrand Lefèvre-Pontalis fait ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly. En classe terminale, le professeur de philosophie, Jean-Paul Sartre, sera sa première rencontre déterminante, suivie par celle de Maurice Merleau-Ponty dans le cadre des Temps modernes où il commence à publier en 1945, avant d’en rejoindre le comité de rédaction en 1962. Il passe l’agrégation de philosophie en 1948, devient professeur à Alexandrie, puis à Nice et à Orléans avant d’entrer au C.N.R.S.

Alliant le courage à la discrétion, J.-B. Pontalis refusera toujours d’assimiler la neutralité analytique avec la neutralité dans le champ politique : en la matière, son engagement sera marqué par sa signature, en 1960, du Manifeste des 121 qui proclamait le droit à l’insoumission dans le cadre de la guerre d’Algérie ; il sera le seul psychanalyste, avec Maud Mannoni, à accomplir cet acte.

En 1953, il entame avec Jacques Lacan, deuxième rencontre essentielle, une analyse didactique ; en 1957, sous la direction de Daniel Lagache, il commence à travailler avec Jean Laplanche au Vocabulaire de la psychanalyse qui paraîtra aux P.U.F en 1967, sera traduit en plus d’une vingtaine de langues. L’ouvrage demeure aujourd’hui encore incontournable.

En 1964, Lacan, auquel l’Association internationale de psychanalyse (I.P.A.) refuse sa qualité de didacticien, quitte la Société française de psychanalyse (S.F.P.) à laquelle appartenaient aussi bien Lagache que Laplanche et Pontalis. Il fonde l’École freudienne de Paris. Pontalis ne le suivra pas et participera avec Laplanche, Wladimir Granoff et quelques autres à la fondation de l’Association psychanalytique de France. Si Pontalis ne s’est jamais appesanti sur les raisons de cette rupture, on peut inférer du nombre de ses interventions, livres, entretiens et débats qu’au moins trois raisons contribuèrent à cet éloignement : son internationalisme et ses affinités avec nombre d’analystes anglais, corrélatifs de son horreur de toute forme de repli hexagonal ; son allergie à l’inféodation à un maître quel qu’il soit – s’il ne cessa de manifester son admiration pour l’œuvre de Lacan et sa tendresse pour l’homme, il critiqua avec la même insistance ce qu’il considérait comme une démarche institutionnelle tyrannique – ; enfin, si sa connaissance de l’œuvre freudienne était indiscutable, il confessait volontiers ressentir le besoin d’ouvrir la psychanalyse vers l’extérieur.

J.-B. Pontalis crée ainsi en 1966 aux éditions Gallimard une collection prestigieuse, Connaissance de l’inconscient, dans laquelle il publiera, à une époque où les traductions sont encore rares, de larges pans de la correspondance de Freud – avec Karl Abraham notamment, mais aussi avec le pasteur Pfister ou l’écrivain Arnold Zweig – et nombre de psychanalystes de langue anglaise, parmi lesquels D.W. Winnicott, Bruno Bettelheim, Masud R. Khan dont il fut un ami, Harold Searle. Il accueillera aussi dans cette collection LeScénario Freud de Sartre, initialement une commande du metteur[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre du comité de rédaction de la revue Essaim, membre du comité de rédaction de La Quinzaine littéraire

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Pour citer cet article

Michel PLON. PONTALIS JEAN-BERTRAND (1924-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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