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INFRASONS

Les nuisances physiologiques

Le problème de l'action physiologique des infrasons est très complexe. Tout d'abord, il est difficile de séparer l'action des infrasons de celle des sons audibles. Rappelons que les phénomènes transitoires, le bang ou les explosions chimiques, par exemple, provoquent toujours un mélange des composantes sonores et infrasonores. Il en est de même avec les moteurs, les compresseurs et autres installations industrielles qui représentent les principales sources de bruits.

Bruit dans une automobile - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bruit dans une automobile

Or l'action des sons graves, y compris celle des infrasons, est d'une grande importance car leur détection est difficile et il est malaisé de s'en protéger : les plus fortes densités spectrales relevées dans les cabines des avions, des automobiles (70 à 100 dB), etc., sont presque toujours concentrées dans la partie grave. En effet, les composantes aiguës étant absorbées par les silencieux, les isolants acoustiques de la cabine, par l'air, etc., il ne reste que les composantes graves.

Un problème particulier de la nuisance du bruit et donc des infrasons est dû à la double action des vibrations qui peuvent agir, soit comme énergie, soit comme source d'informations désagréables et même nuisibles. Cette seconde action est équivalente à une action psychologique.

Le problème se complique davantage si le bruit et les infrasons ne représentent qu'une composante d'un message plus complexe, comportant des signaux lumineux ou autres. Ainsi, des animaux peuvent être en état d'excitation s'ils perçoivent les infrasons du tonnerre lointain accompagnés d'éclairs, et éventuellement d'un temps dit lourd. Par contre, ils ne réagissent pas aux mêmes infrasons reproduits par un magnétophone.

Le problème de nuisance des bruits et des infrasons de niveau faible ayant un caractère psychologique est donc très difficile à saisir d'une manière rigoureuse. En réalité, on possède plus de précisions concernant la nuisance des infrasons de niveau élevé qui agissent déjà comme une énergie.

Infrasons dangereux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Infrasons dangereux

Le niveau infrasonore à partir duquel apparaissent différents dangers est très supérieur à celui des bruits audibles. L'action mortelle des infrasons apparaît à partir de N ≥ 185 dB. Un tel niveau correspond approximativement à une énergie de 5 × 10+6 joule/m2.s. L'exposition d'animaux, pendant dix minutes, à des niveaux de quelque 190 dB a provoqué des déchirures des enveloppes alvéolaires des poumons, et en conséquence leur mort. Par contre, l'action des infrasons inférieurs à 172 dB est supportable pour les animaux (H. E. von Gierke, 1974).

Au cours du lancement de fusées, des personnes en bonne condition physique ont supporté des niveaux infrasonores de l'ordre de 140 à 155 dB ; cependant, certains troubles du système végétatif de caractère passager ont été parfois observés.

Des réactions visuelles et des troubles du système circulatoire ont été signalés pour des plages de 140 à 120 dB ; des actions nuisibles des infrasons de l'ordre de 110-120 dB, signalées par Andreeva-Galomina, Morita et Bandarev, ont été ensuite infirmées (L. Pimonow, 1976).

Plus généralement, il semble que les observations contradictoires relatives aux infrasons de 110 à 140 dB sont la conséquence de la superposition de leur action énergétique avec celle de caractère psychologique. Toutefois, des niveaux infrasonores supérieurs à 120 dB ne peuvent être négligés, en particulier dans l'exercice d'une activité impliquant une grande attention, telle que le pilotage d'avions, ou des efforts intellectuels.

Quoique la nuisance des infrasons inférieurs à 140-120 dB ne soit pas encore définitivement précisée, il est certain qu'ils sont moins gênants que le bruit audible de même niveau. Mais la protection contre les infrasons étant très difficile, sinon impossible, même les niveaux[...]

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Écrit par

  • : Directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., directeur à l'Ecole pratique des hautes études (E.P.H.E.), Paris.

Classification

Pour citer cet article

Leonid PIMONOW. INFRASONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système à piston - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système à piston

Bruit dans une automobile - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bruit dans une automobile

Infrasons dangereux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Infrasons dangereux

Autres références

  • ACCÉLÉROMÈTRES SPATIAUX

    • Écrit par Raphaël F. GARCIA, Pierre TOUBOUL
    • 4 883 mots
    • 3 médias
    Ces variations de densité et ces vents atmosphériques peuvent être produits par les ondes sonores de très basse fréquence (~10 mHz) qui sont générées par le déplacement du sol sous l'effet des ondes sismiques. En effet, lors de la propagation des ondes sismiques au sol, une onde sonore est générée...
  • SONS - Audiométrie

    • Écrit par André DIDIER
    • 3 371 mots
    • 5 médias

    Il est facile de constater que la sensation sonore dépend des caractéristiques physiques des sons et des bruits. Un son trop faible n'est pas perçu. Un son trop fort provoque une gêne, voire une douleur. Il existe donc des limites d'intensité du stimulus physique hors desquelles l'écoute...

Voir aussi