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HERCULE, iconographie

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Aucun héros de la mythologie gréco-latine n'est aussi célèbre qu'Hercule : la massue et la peau de lion sont connues de tout le monde. Quoique l'univers de la fable antique se soit grandement éloigné de la culture occidentale, Hercule faisait encore le sujet de films populaires dans les années 1950-1960 : Hercule et la reine de Lydie ou Les Travaux d'Hercule. On réduit trop souvent les caractéristiques de ce héros à la force « herculéenne ». Il n'est pas seulement un assommeur de monstres. C'est au contraire une figure complexe, qui a fourni la matière d'innombrables variations aux peintres et aux sculpteurs d'autrefois.

L'image du surhomme Hercule a par elle-même quelque chose de pittoresque, qui se prête particulièrement aux recherches de la sculpture. Les exemples antiques de l'Hercule Farnèse et du Torse du Belvédère s'offraient aux yeux de tous, ces œuvres étant connues et admirées dès le début de la Renaissance. L'Hercule vainqueur de Cacus de Baccio Bandinelli (1534, marbre, place de la Seigneurie, Florence) nous montre un colosse raide et comme engoncé dans sa propre musculature. Au début du xxe siècle, Antoine Bourdelle a donné une célèbre interprétation de l'Hercule archer (nombreuses versions, un bronze au musée d'Orsay à Paris) qui met en valeur la tension du corps athlétique.

Les cycles de représentations qui racontent les travaux d'Hercule ne sont pas rares. En 1595-1597, Annibal Carrache a décoré le « camerino » (petit salon) du palais Farnèse d'une série de peintures sur ce thème, plaçant au centre de l'ensemble un Hercule à la croisée des chemins sur lequel on reviendra. En 1706-1707, Sebastiano Ricci illustra à son tour les légendes relatives à Hercule dans un des salons du palais Marucelli, à Florence. Ces exemples relèvent de la peinture monumentale, mais les représentations des travaux d'Hercule peuvent prendre la forme d'œuvres précieuses et de petit format, comme la série de plaques niellées qui décorent une boîte italienne de la fin du xve siècle (Louvre).

Auteur de grands exploits, Hercule n'était pas pour autant à l'abri des défaillances humaines. Les artistes ont souvent représenté les égarements du fils de Jupiter et d'Alcmène, attirés par les situations piquantes qu'offrait le contraste entre une force prodigieuse et les faiblesses de l'amour. À toutes les époques on trouve des tableaux, parfois aussi des sculptures ou de petits objets comme des groupes de porcelaine, montrant Hercule habillé en femme et tenant la quenouille en présence de la belle Omphale qui s'est emparée de la massue et a revêtu la peau de lion (1727, peinture de François Lemoyne, Louvre). À côté de ces scènes galantes, qui peuvent quelquefois tourner au burlesque, les folies d'Hercule ont donné lieu à des compositions où les artistes ont montré la détresse de l'homme devant les rigueurs de sa destinée. Lorsque Canova représente Hercule furieux qui lance dans la mer son serviteur Lichas, coupable de lui avoir apporté la tunique empoisonnée qui lui brûle la peau, c'est encore la puissance surhumaine qui est exprimée (1805, marbre, Galerie nationale d'art moderne, Rome). En revanche, le tableau de Guido Reni montrant Hercule sur son bûcher (1617, Louvre) insiste sur le pathétique d'une souffrance intolérable, qui a brisé le courage du plus endurant des héros.

Les multiples aventures d'Hercule ont ainsi fourni la matière la plus riche et la plus variée aux artistes. Les musiciens se sont plus rarement emparés de ce personnage, dont il était sans doute difficile de traduire par le chant les fureurs et les combats. Pourtant Hercule n'est pas seulement le champion de la force : la tradition antique l'associe à des récits moraux et nous montre en Hercule un modèle de maîtrise de soi. Dans le[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges BRUNEL. HERCULE, iconographie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • DÉCORS D'ANNIBAL CARRACHE, PALAIS FARNÈSE (Rome)

    • Écrit par
    • 211 mots
    • 1 média

    Lorsqu'il est appelé à Rome, en 1595, Annibal Carrache est déjà un peintre célèbre. À Bologne, avec son frère Augustin et son cousin Ludovic, ils ont fondé en 1585 l'Accademia degl'incamminati, une académie appelée à servir de modèle, réalisé de nombreux tableaux d'autel, décoré le palais...