Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GUILLAUME GUSTAVE (1883-1960)

Linguiste, élève d'Antoine Meillet, Gustave Guillaume est l'auteur d'ouvrages comptant parmi les plus originaux et novateurs du xxe siècle. Il a enseigné à l'École pratique des hautes études de 1938 à 1960.

Ses essais, Le Problème de l'article et sa solution dans la langue française (1919), Temps et Verbe, théorie des aspects, des modes et des temps (1929) ; L'Architectonique du temps dans les langues classiques (1943), ont été réédités ensemble en 1965. Un nombre important d'articles, parus entre 1933 et 1958, ont été réunis sous le titre Langage et science du langage (1964). Les leçons qu'il a données pendant vingt-deux ans à l'E.P.H.E., dont le texte manuscrit est conservé au Fonds Gustave-Guillaume de l'université Laval à Québec, ont été publiées par les soins de Roch Valin.

La discipline linguistique fondée par Gustave Guillaume a été nommée psychomécanique du langage. C'est la science des mécanismes fondamentaux de la pensée commune qui interviennent dans la genèse de la langue, conçue comme le système des représentations à partir desquelles il est possible, par la médiation de signes appropriés, de produire des actes de langage et d'émettre des discours (purement mentaux ou réalisés physiquement par l'expression orale ou écrite). La psychomécanique se complète d'une psychosystématique, science des systèmes linguistiques institués, et d'une psychosémiologie, science des signes linguistiques dans leurs rapports avec les « signifiés de puissance » qu'ils évoquent et les « signifiés d'effet » qu'ils permettent d'effectuer. Les signifiés de puissance sont conçus comme des virtualités opératoires qu'une visée de discours vient actualiser par saisie en un point quelconque des mouvements — portés par un temps opératif — qu'elles préfigurent ; tout est donc cinétique et mécanique dans le fonctionnement du langage. Le verbe, par exemple, est une partie de la langue traduisant la genèse de l'image mentale du temps — la chronogenèse —, et chacune de ses formes — aspectuelles, modales, temporelles, personnelles — correspond à une saisie effectuée en un point du déploiement de cette opération. Ainsi se définit une linguistique de position, opérant par mouvement et interception de mouvement.

Une analyse approfondie de la nature du mot, dans la diversité des langues du monde, a amené Gustave Guillaume à concevoir une typologie linguistique intégrale, la « théorie des aires », qui demeure d'une grande fécondité. L'enseignement de Gustave Guillaume a marqué la pensée de bon nombre de linguistes tels R. L. Wagner, P. Imbs, R. Valin, B. Pottier, G. Moignet, J. Stéfanini, M. Molho, A. Joly, W. Hirtle, R. Martin, M. Wilmet, etc. Et l'on peut parler d'une école « guillaumienne », connue en France, au Canada, en U.R.S.S., au Japon, en Bulgarie, etc..

— G. MOIGNET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre du Conseil international de la langue française

Classification

Pour citer cet article

G. MOIGNET. GUILLAUME GUSTAVE (1883-1960) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LANGAGE PHILOSOPHIES DU

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI, Paul RICŒUR
    • 23 538 mots
    • 9 médias
    Quelle place faut-il accorder au plus isolé de tous les linguistes,Gustave Guillaume ? En un sens, il ne rompt pas l'unité de la linguistique structurale au sens large du mot. Ce qui lui importe, en effet, dans ses études sur le temps du verbe, les formes de l'article, et en général sur les catégories...
  • LINGUISTIQUE - Théories

    • Écrit par Catherine FUCHS
    • 7 713 mots
    • 1 média
    L'attention portée au caractère dynamique de la langue est également caractéristique de la démarche de Guillaume, fondateur du courant de la psychomécanique (ou psychosystématique) du langage, qui s'attache à décrire les opérations de pensée constitutives des signifiés de la langue. L'originalité...
  • PSYCHOMÉCANIQUE, linguistique

    • Écrit par Catherine FUCHS
    • 1 044 mots

    Le nom de « psychomécanique » (ou encore « psychosystématique ») du langage a été donné à la théorie développée dans la première moitié du xxe siècle par le linguiste français Gustave Guillaume (1883-1960), dont les écrits sont rassemblés dans deux recueils posthumes d'articles...

  • STRUCTURALISME

    • Écrit par Jean-Louis CHISS, Michel IZARD, Christian PUECH
    • 24 054 mots
    • 2 médias
    ...(1893-1954) dans ses Éléments de syntaxe structurale (1959) est surtout salué pour la préfiguration de la notion chomskienne de transformation. Quant à Gustave Guillaume (1883-1960), lecteur opiniâtre de Saussure, il élabore une théorie du langage – la psychosystématique ou psychomécanique –, moins en...