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APERGHIS GEORGES (1945- )

Georges Aperghis - crédits : D.R.

Georges Aperghis

Compositeur inclassable, Georges Aperghis a toujours affirmé sa liberté d'artiste et sa volonté de n'appartenir à aucune école : « Appartenir à une école, c'est comme se dire : voilà la maison que j'habiterai jusqu'à la fin de mes jours. Je vois tout de suite la mort au bout. »

Français d'origine grecque, Georges Aperghis naît le 23 décembre 1945 à Athènes, dans une famille d'artistes ; son père est sculpteur et sa mère peintre. Très jeune, il éprouve une double passion pour la peinture et pour la musique, découverte grâce à la radio et au piano, qui lui est enseigné dès l'âge de six ans par une amie de la famille. L'apprentissage du piano est d'ailleurs le seul enseignement musical qu'il recevra en Grèce. En effet, Georges Aperghis est en grande partie autodidacte : il commence par travailler seul sur des partitions en essayant de voir comment ses aînés ont procédé ; ce travail est d'autant plus impressionnant qu'il ne se limite pas à l'étude des musiques européennes mais qu'il s'intéresse aux musiques africaines ou asiatiques. Cependant, à Athènes, il ne dispose que de peu d'informations sur l'avant-garde européenne : il parvient à se procurer quelques partitions d'œuvres d'Arnold Schönberg, de Béla Bartók ou d'Igor Stravinski mais cela s'arrête là. Il décide alors de partir pour Paris, où il s'installe en 1963. S'ouvre immédiatement à lui la possibilité de rencontrer toute l'avant-garde musicale par l'intermédiaire du Domaine musical et des concerts à la Maison de la Radio. Il s'initie alors de manière plus approfondie à l'écriture musicale et plus particulièrement au contrepoint et à la fugue.

C'est à partir de cette époque que Georges Aperghis commence à composer. Ses œuvres de jeunesse sont influencées par le sérialisme et par les recherches de Iannis Xenakis : Antistixis A, B et C (1964-1965), Anakroussis, pour sept instruments (1967)... Mais, très vite, il se construit un langage beaucoup plus personnel et élabore ses propres systèmes. À la fin des années 1960, il découvre les univers musicaux de John Cage et de Mauricio Kagel, qui répondent davantage à ses convictions. Par ailleurs, son mariage avec la comédienne Édith Scob lui fait découvrir le théâtre, et il commence à réfléchir sur les rapports, harmonieux ou conflictuels, existant entre les facultés expressives du corps humain et les structures musicales (on pourra consulter à ce propos l'ouvrage d'Antoine Gindt, Georges Aperghis. Le Corps musical, Actes Sud, Arles, 1990). Cette démarche va le conduire tout naturellement à écrire non pas des musiques pour le théâtre, mais des pièces de théâtre musical.

À l'origine de cette nouvelle forme d'expression, Georges Aperghis présente le théâtre musical comme un nouveau genre et en aucun cas comme une alternative à l'opéra par manque de moyen. Pour lui, le théâtre musical se distingue de l'opéra par le changement de fonction de la dramaturgie, qui ne provient plus désormais du texte mais de la musique : « C'est la partition musicale qui doit faire naître les images, les situations, les jeux des acteurs. » La musique devient élément fédérateur et coordinateur, en organisant l'ensemble des diverses composantes. Elle peut être en adéquation avec le texte ou s'opposer à lui, et acquiert ainsi une grande indépendance : « Je vois toujours ma musique comme quelqu'un qui vit et qui respire ; je me dis : il pourrait aller par là ou par ici. »

En 1971, Georges Aperghis compose sa première pièce de théâtre musical, La Tragique Histoire du nécromancien Hiéronimo et de son miroir, pour voix de femme chantée, voix de femme parlée, un luth et un violoncelle, créée au festival d'Avignon. Il poursuit ses recherches[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Média

Georges Aperghis - crédits : D.R.

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