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FUNAN [FOU-NAN]& ZHENLA [TCHEN-LA]

Noms par lesquels les annalistes chinois désignaient deux royaumes situés dans le sud de l'Indochine. Ces dénominations, largement utilisées par les historiens européens, ont ceci d'embarrassant qu'il est difficile de les interpréter dans le contexte local. Funan serait-il l'adaptation en chinois d'un mot khmer, vnam, qui signifie « montagne » ? Aucune explication acceptable du nom de Zhenla n'a jamais été proposée.

La publication des données chinoises sur les deux royaumes, même si elles n'étaient pas toujours très riches, a été une source importante pour les historiens du début de ce siècle : les inscriptions découvertes sur le terrain étaient peu nombreuses, peu utilisables et n'apparaissaient guère avant le début du viie siècle ; au contraire, les annales chinoises citaient le nom du Funan dès la première moitié du iiie siècle, donnaient des repères chronologiques sûrs et des renseignements précis. Tout cela explique pourquoi ce sont les sources chinoises qui ont été utilisées pour construire le cadre de l'histoire du pays khmer et pourquoi les données locales ne sont finalement venues qu'en appoint pour la période qui se termine au début du ixe siècle, à partir de cette époque les inscriptions ont été retrouvées en beaucoup plus grand nombre, tandis que les annales chinoises ne donnaient plus que des renseignements très espacés dans le temps.

Cette partie de l'histoire du Cambodge se divise, selon les Chinois, en trois périodes. Tout d'abord, le temps de la prédominance du Funan ; le centre d'activité de ce royaume se situait dans le sud du Cambodge actuel et dans la partie méridionale du Vietnam du Sud qui lui est contiguë, mais les Chinois affirment qu'il s'étendait fort loin au nord. C'est pendant cette période que le pays a été « indianisé », selon un processus d'ailleurs fort incertain ; les Chinois citent les noms d'un bon nombre de rois, mais seuls les plus récents semblent être transcrits du sanskrit. Ensuite vient le temps de la prédominance du Zhenla : ancien vassal du Funan, ce royaume avait pour centre la région de Vat Phu, dans le sud du Laos ; sa puissance s'était accrue progressivement, et Citrasena, son roi, s'empara du Funan ; le fils de ce roi, Îçanavarman Ier (616 env.-env. 635), fut ainsi le maître d'un domaine important ; sa capitale était située à Sambor Prei Kuk. Enfin, la scission du Zhenla : vers le début du viiie siècle, le Zhenla se divisa en deux parties, le « Zhenla d'eau » et le « Zhenla de terre », ce dernier étant situé au nord du premier ; les Chinois se contentent de constater le fait.

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

600 à 700. Islam - crédits : Encyclopædia Universalis France

600 à 700. Islam

De leur côté, les documents indigènes, dès le moment où ils apparaissent, laissent deviner un État politique sensiblement différent, même si nombre de détails sont encore inconnus. Déjà P. Dupont avait fait remarquer il y a une trentaine d'années que durant le viiie siècle le pays était certainement divisé en plus de deux parties, puisque les inscriptions nous font connaître les noms d'au moins cinq rois contemporains, appartenant à des lignées différentes, et notent l'existence d'autres lignées royales. Les noms de quelques-uns des États sont connus : Aninditapura, Bhavapura, Çambhupura, Çreshthapura, Vyâdhapura ; d'autres noms sont cités, qui pouvaient être plutôt des noms de villes, encore qu'il soit souvent malaisé de distinguer entre ville et État dans cette période de l'histoire ; si leur nom est connu, il n'en est pas de même pour leurs limites ni pour l'emplacement de leur centre. La plupart de ces noms peuvent être lus sur les inscriptions des siècles antérieurs, ce qui montre que le morcellement, remarqué (en partie) par les Chinois au viiie siècle, n'était pas chose nouvelle ; cependant, faute de données précises,[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (sciences historiques et philologiques)

Classification

Pour citer cet article

Claude JACQUES. FUNAN [FOU-NAN] & ZHENLA [TCHEN-LA] [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

600 à 700. Islam - crédits : Encyclopædia Universalis France

600 à 700. Islam

Autres références

  • CAMBODGE

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Manuelle FRANCK, Christian LECHERVY, Solange THIERRY
    • 25 909 mots
    • 24 médias
    Le Cambodge est l'héritier d'une des plus anciennes sociétés historiques de l'Asie du Sud-Est,le royaume du Funan, royaume indianisé du ier siècle de notre ère et peuplé de Proto-Khmers, centré sur le delta du Mékong, ouvert sur les échanges maritimes et maîtrisant l'agriculture en milieu deltaïque....
  • INDE (Arts et culture) - L'expansion de l'art indien

    • Écrit par Bernard Philippe GROSLIER
    • 5 213 mots
    • 6 médias
    ...Simultanément apparaissent les premiers arts, « indianisés » certes, mais pourtant déjà bien individualisés, correspondant à ces unités politiques. Au Fou-nan, c'est d'abord l'admirable sculpture hindouiste en grès de l'école du Phnom Da, très vraisemblablement liée au règne de Rudravarman (mort après...
  • KAMBUJARĀJALAKṢMĪ, princesse cambodgienne (XIIe s.)

    • Écrit par Claude JACQUES
    • 207 mots

    Le nom de cette princesse cambodgienne a joué un grand rôle dans l'élaboration de l'histoire du Cambodge ancien. Une hypothèse, construite à partir des récits des annalistes chinois, voulait que Bhavavarman Ier (seconde moitié du vie s.), roi du Zhenla, ait envahi le Funan, de la...

  • KHMER ART

    • Écrit par Jean BOISSELIER, Claude JACQUES
    • 8 430 mots
    • 21 médias
    ...culture de Sà Huynh) de la région de Long Khan (Vietnam). Ces dernières et l'importante construction mégalithique de Xuân Loc seraient de peu antérieures à la fondation du Fou Nan, royaume sud-oriental de la péninsule, indianisé vers les iie et iiie siècles, et dont les ambassades en Chine sont attestées...

Voir aussi