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EMIL NOLDE (exposition)

La rétrospective Emil Nolde (1867-1956), présentée successivement au Grand Palais, à Paris, du 25 septembre 2008 au 19 janvier 2009, et au musée Fabre de Montpellier, du 7 février au 24 mai 2009 aura été une véritable révélation. Jusque-là, le public français n'avait pu avoir une connaissance approfondie de l'œuvre de cet artiste allemand qui se voulait un « peintre du Nord », enraciné dans sa région natale du Schleswig-Holstein, et qui travailla surtout à l'écart, en solitaire.

Grâce à des prêts en provenance, essentiellement, de la Fondation Nolde, dont le siège se situe à Seebüll, non loin de Kiel, dans l'ancienne maison du peintre, ce sont près de 100 tableaux, auxquels ont été ajoutés une cinquantaine d'aquarelles, de gravures, d'encres ou de dessins, qui ont été donnés à contempler sur les cimaises de cette double rétrospective. Sylvain Amic, son commissaire, a privilégié un développement thématique, tout en essayant de respecter la chronologie de l'œuvre. Le parcours, de salle en salle, propose donc au visiteur des étapes où sont décelables des sujets d'inspiration et des formes d'expression très différenciés.

Quand il commence sa carrière, autour de 1900, Emil Nolde apprécie le fantastique et le grotesque. Alors qu'il enseigne les arts appliqués en Suisse, à Saint-Gall, il commence à peindre des gouaches où des êtres de fantaisie, monstres et personnages fabuleux, semblent s'incarner dans le relief des paysages montagneux. Par ailleurs, il réalise des tableaux, comme Géants de la montagne en 1895-1896 et Avant le lever du soleil en 1901, qui relèvent du même imaginaire, dans la mouvance du symbolisme et de l'Art nouveau.

En 1902, il rentre au pays avec sa femme et quitte son nom d'Emil Hansen pour adopter celui de son village natal, Nolde. Jusqu'en 1905, les thèmes qu'il choisit de traiter dans ses toiles sont tirés de la nature qui l'environne : le ciel, la mer, les champs, les paysans aux moissons. Le style est influencé par les impressionnistes français. C'est lorsque Nolde découvre Van Gogh qu'un changement radical s'amorce. Désormais, le peintre emploie peu de couleurs, mais violentes, et travaille une pâte épaisse, en mouvement. Sa collaboration éphémère avec les membres de l'association Die Brücke, en 1906-1907, semble justifiée par la vivacité tourmentée de ses paysages, qui l'apparente à ce qui a été appelé en Allemagne, après 1911, l'expressionnisme. Cette période est déjà celle de sa transition vers plusieurs années de pratique du portrait et vers les croquis pris sur le vif, comme ceux des noctambules dans les cabarets de Berlin, en 1911. La technique d'accentuation de la scène représentée, ou des personnages, évoque un naturalisme expressif, grinçant, parfois proche de la caricature.

Ensuite vont s'imposer à Nolde héros et histoires qu'il emprunte à la Bible, ou qu'il imagine à partir de ce qu'il en a retenu. Il peint, en 1911-1912, une Crucifixion qui provoqua en Allemagne la colère des « traditionalistes ». Sur le panneau central d'un polyptyque racontant en neuf épisodes la vie du Christ, le corps émacié aux côtes extraordinairement apparentes, exsude des larmes vertes. Le sang gouttant sur son front se retrouve en écho dans le drap rouge dont est entouré son bas-ventre. On retrouve cette même expression visionnaire dans toute une série d'œuvres jusqu'à la fin des années 1920, comme La Mise au tombeau (1915) et Le Christ et la pécheresse (1926). Elles montrent la constance de Nolde dans la représentation de ce genre de scènes.

Succèdent à cet ensemble de tableaux religieux des compositions de « masques », premières manifestations de la tentation exotique chez Nolde. Une tentation qui s'est concrétisée avec le voyage qu'il entreprend du 2 octobre[...]

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Lionel RICHARD. EMIL NOLDE (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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