Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Néo-institutionnalisme

Transactions, droits de propriété et contrats

La ventilation des recherches néo-institutionnelles sur ces deux axes pourrait paraître purement descriptive. En réalité, elle exprime les registres temporels différents dans lesquels s'articulent les trois composantes clés du néo-institutionnalisme : les transactions, les droits de propriété et les contrats.

Le premier de ces trois éléments est au centre du dispositif théorique. Pourquoi accorder une telle importance aux transactions ? D'abord, parce qu'on ne saurait, sans transactions, tirer avantage de la division du travail et de la spécialisation, au cœur de toute économie. Ensuite, parce que ces transactions demandent à être organisées, selon des modalités qui entraînent des coûts. Dans un univers sans coûts de transaction, les institutions n'auraient aucune importance. Dès qu'on admet l'existence de coûts de transaction positifs, institutions et organisations deviennent incontournables pour comprendre comment fonctionne une économie.

Or qui dit « transaction » dit « transfert de droits » et en particulier, en économie de marché, des droits de propriété. De là le rôle de ce deuxième concept dans l'approche néo-institutionnelle. La façon dont les droits de propriété peuvent être définis ou non, les dispositifs servant de supports à leurs transferts entre agents et les mécanismes qui sécurisent ces transferts forment autant d'éléments clés pour analyser le fonctionnement des marchés, le statut respectif des droits privés et publics, et les dynamiques de long terme.

Enfin, dans toute économie où l'activité repose largement sur des transactions décentralisées entre agents, une partie substantielle de ces transferts s'opère par le biais de contrats. Dans l'optique néo-institutionnelle, ces contrats sont généralement incomplets pour de multiples raisons : incertitude trop grande, rationalité des agents limitée, asymétries d'information trop fortes, coût d'établissement des contrats élevés, etc. Si on admet que les contrats sont incomplets, on retombe aussitôt sur le rôle des institutions, destinées à en combler les blancs, ce que font par exemple les tribunaux en « interprétant » les contrats en cas de désaccord des parties ; et sur le rôle des organisations, destinées à mettre en œuvre ces contrats. Transactions, droits de propriété, contrats forment ainsi le « triangle d'or » de l'analyse néo-institutionnelle. Ils ont donné lieu à d'importantes applications, en économie, en droit, et dans l'ensemble des sciences sociales.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Claude MÉNARD. ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Néo-institutionnalisme [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Oliver E. Williamson - crédits : University of California, Haas School of Business/ DR

Oliver E. Williamson

Autres références

  • MARITIMISATION DE L'ÉCONOMIE

    • Écrit par Geoffroy CAUDE
    • 3 979 mots
    • 8 médias

    Depuis l’Antiquité, la voie maritime a permis aux navigateurs de commercer en transportant dans leurs navires des quantités de marchandises très supérieures à celles que permettaient les voies terrestres – ainsi, les Égyptiens, qui allaient jusqu’à Sumatra quelque 1200 ans avant notre ère ou, plus...

Voir aussi