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DURANCE

Comme l'Isère concentre les eaux des Alpes du Nord, la Durance, née au Montgenèvre, draine les Alpes du Sud, mis à part la Drôme et le Var. Elle réalise ainsi le type de la rivière de montagne soumise au climat méditerranéen. Bien que les altitudes soient plus modestes qu'au nord, la pente conserve jusqu'au bout des taux supérieurs à ceux de l'Isère : encore 1,8 m/km avant le confluent.

Le bassin couvre 14 200 km2, mais ses apports relatifs ne valent que la moitié de ceux du voisin : 470 mm ou 14,9 litres par seconde et par kilomètre carré, à peine plus que la Saône ; en valeur absolue arrondie, 210 m3/s.

Cette faiblesse est due à un relief moins accusé et plus protecteur, faisant écran vers la frontière aux vents humides, surtout du sud ou du sud-est, et aussi au régime pluviométrique violent entre les longs apaisements d'été.

La Durance a une direction nord-est - sud-ouest, comme l'Isère, et, comme elle, est dissymétrique ; ses renforts arrivent sur la rive gauche : le Guil et l'Ubaye et plus loin le Verdon (2 020 km2, 38,5 m3/s, 19 l/s.km2, 600 mm). Le Buech fait exception, rejoignant en rive droite à mi-course.

De même, le régime nival de transition est complexe, à nuance méditerranéenne avec, à Mirabeau, un maximum de mai (coefficient mensuel de débit supérieur à 1,60), un creux d'août (0,46), une reprise en novembre (1,25) et un léger répit de janvier (0,80).

Ce sont des moyennes. Les extrêmes, par leur rareté, témoignent du caractère fantasque de la Durance. L'étiage d'été peut se prolonger en automne voire au-delà et, à Mirabeau, descendre comme le 26 décembre 1921 à 27,5 m3/s. Au même endroit, la crue de 1882 a roulé 5 500 m3/s. Le rapport des extrêmes est exactement 200, au lieu de 60 sur l'Isère. Les grandes surfaces imperméables du bassin favorisent ces excès.

Le bassin est célèbre par ses torrents. Les laves torrentielles et les apports solides sont ici considérables. La dégradation spécifique dépasse à Mirabeau 1 000 tonnes par kilomètre carré et par an à cause des marnes ou terres noires du bassin.

Après plus de cent années d'études et de projets, la Durance a reçu à Serre-Ponçon près de Gap, au confluent de l'Ubaye, l'ouvrage de régularisation indispensable. Une digue en terre à noyau central étanche tendue à la cote 789 retient, depuis 1960, 1 200 millions de mètres cubes, dont 900 utiles équivalant au tiers des apports par an. Cet aménagement « agro-industriel » a un double et même un triple intérêt : barrage contre les crues capable d'absorber des pointes doubles des 1 800 m3/s déjà observés en mai 1856 ; barrage d'irrigation avec une tranche réservée de 200 millions de mètres cubes pour l'alimentation des canaux, les 114 m3/s ainsi garantis se répartissant sur 75 000 ha de cultures de primeurs ; barrage hydro-électrique avec une chute de 125 m et une puissance de 360 mégawatts qui produit directement 720 millions de kilowattheures et par son influence en aval 1 100 millions de kilowattheures.

De même, les ouvrages sur le Verdon, dont celui de Sainte-Croix, donnent une surface de retenue égale à celle de Serre-Ponçon (28 km2), et la chaîne des chutes de la basse Durance répond au double souci énergétique et agricole. Le canal de Provence soutire l'eau du Verdon à Quinson pour l'irrigation ainsi que pour l'alimentation des villes du littoral.

— Jean de BEAUREGARD

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean de BEAUREGARD. DURANCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR, région administrative

    • Écrit par Lucien TIRONE
    • 4 346 mots
    • 9 médias
    ...fleuve, longtemps frontière entre Royaume de France et Saint Empire romain germanique, est aujourd'hui un axe de circulation et de concentration urbaine. Au centre, la vallée de la Durance, large couloir qui coupe la région en deux grands domaines de collines et de montagnes, joue le rôle d'épine dorsale...

Voir aussi