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NEWTON DOUGLAS (1920-2001)

Douglas Newton est né en 1920 en Malaisie. Son père, d'origine anglaise, y dirigeait une plantation de caoutchouc. À la suite du décès de celui-ci, il revient à Londres, ville grise et froide qu'il détesta. C'est cependant à Londres qu'il fit ses études et devint, après la guerre, journaliste et critique d'art. Grâce à la lecture des livres de Jacob Epstein, il découvre les arts primitifs, hante les salles d'ethnographie du British Museum, rencontre des ethnologues, dont Raymond Firth, se lie avec des artistes comme Eduardo Paolozzi, tout en travaillant pour la B.B.C. Il édite une anthologie de poésie : il sera toute sa vie un amoureux de la langue et de la littérature.

En 1956, il s'installe à New York avec sa jeune épouse américaine, et s'y affirme dans le métier de journaliste. Il est fasciné par la ville et l'activité artistique qui fourmille alors à Greenwich Village. Il apprend que Nelson Rockefeller, le richissime protecteur des arts, veut fonder un musée d'arts primitifs. Il pose sa candidature qui reste sans réponse. Il rencontre René d'Harnoncourt, alors directeur du Museum of Modern Art, et Robert Goldwater, qui l'engagent comme conservateur en mars 1957. Il restera dans le petit bâtiment de la 54e rue jusqu'en 1974, les années les plus heureuses de sa vie dira-t-il. Entre 1957 et 1974, il organisera au Museum of Primitive Art quelque 60 expositions suivant un grand principe appris de René d'Harnoncourt : „on ne prostitue jamais un objet“, autrement dit, on ne sacrifie pas aux effets. Parmi ces expositions, dont certaines font encore référence, on peut citer celles sur la sculpture bambara, senoufo ou du golfe de Papouasie, ou celles sur la culture préhispanique Chavín et sur les arts du Pérou.

Fasciné par les arts d'Océanie (il confessait en une sorte de raccourci non dénué d'un humour froid dont il était coutumier, qu'il préférait l'art préhispanique aux arts d'Océanie mais, que, hélas, celui-ci était trop complexe pour sa forme d'intelligence), il se rendit plusieurs fois dans la vallée du Sépik en Nouvelle-Guinée. Pour lui en effet, si les objets étaient des œuvres d'art en eux-mêmes, il fallait, pour les comprendre, écouter ceux qui les avaient créés. Il aima le Sepik, malgré les conditions de vie âpres et... les moustiques. Il s'y rendit régulièrement entre 1964 et 1973. Il y collecta mythes et histoires, surtout dans la région d'Ambunti, afin de reconstituer les migrations et de comprendre les variations stylistiques de cette vallée aux cultures entremêlées et complexes. À sa retraite, il reprit ses notes et s'attela à la redoutable tâche d'écrire un livre sur les arts de cette région, livre qu'il n'eut pas le temps d'achever.

C'est dans la vallée du Sepik qu'il apprend la mort de Nelson Rockefeller en 1979. Il rentre d'urgence à New York. L'année suivante, Robert Goldwater meurt à son tour. Douglas Newton devient directeur du Museum of Primitive Art. Il hérite de la lourde responsabilité du transfert des collections vers le Metropolitan Museum of Art. Il dirige la construction de la nouvelle aile qui abritera les collections : une installation qui est un modèle absolu de muséographie. Les objets y sont mis en valeur avec un art savant du contrepoint. La salle d'exposition, mais aussi le bureau du directeur deviennent des lieux incontournables pour ceux qui s'intéressent aux arts primitifs. Car, si occupé qu'il fût, Douglas Newton était toujours disponible, sa porte toujours ouverte. Il recevait tous les visiteurs avec une certaine distance respectueuse, quel que fût le degré d'amitié qu'il leur portait. Il encouragea de ses conseils et aida par des recommandations bon nombre de jeunes ethnologues.

Une fois les salles installées, en 1984, il[...]

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Écrit par

  • : adjoint au directeur du projet muséologique du musée du Quai Branly, Paris

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Pour citer cet article

Philippe PELTIER. NEWTON DOUGLAS (1920-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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