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DIPTYQUES CONSULAIRES

Au cours du ive siècle, l'apparition et le développement des diptyques consulaires déterminèrent un essor de la sculpture sur ivoire. Les diptyques, formés de deux tablettes reliées par des charnières, étaient très voisins des tablettes enduites de cire sur lesquelles on écrivait dans l'Antiquité classique. Ces feuillets d'ivoire, ornés de sculptures en bas relief représentant le plus souvent le consul, parfois un haut fonctionnaire ou l'empereur (diptyques impériaux), étaient distribués au moment de l'entrée en charge du dignitaire ; le Code théodosien prévoyait que seuls les consuls pouvaient recevoir des diptyques d'ivoire sans dérogation particulière. Au milieu du vie siècle, les difficultés d'approvisionnement en ivoire et la suppression de la charge de consul (541) provoquèrent la disparition des diptyques laïques.

Les diptyques consulaires sont originaires des mêmes centres d'ivoiriers que ceux à sujets religieux, notamment Rome, Constantinople et Milan. Parmi les productions romaines les plus remarquables, les diptyques de Probus (Aoste), de Felix (Bibliothèque nationale, Paris), de Boethius (Brescia), d'Oreste (Victoria and Albert Museum, Londres), du vicaire impérial Probianus (Berlin) ou de la famille des Symmaque et des Nicomaque (Victoria and Albert Museum et musée de Cluny, Paris), permettent de suivre avec précision l'évolution du style des ateliers de 400 au milieu du vie siècle. À Milan est attribué le magnifique diptyque de Stilicon, consul en 400, et de Serena (Monza). À Constantinople furent sculptés, entre autres, de 500 au milieu du vie siècle, ceux d'Areobindus (Paris, Zurich, Lucques), d'Anastasius et de Magnus (Bibliothèque nationale, Paris), de Justinus (Berlin) et des diptyques impériaux (en cinq parties) dont le célèbre ivoire du Louvre, provenant de la collection Barberini, représentant l'empereur victorieux (Anastase ?).

Diptyque consulaire, art romain - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Diptyque consulaire, art romain

L'iconographie de ces diptyques est variée, même lorsqu'ils ont été faits pour le même personnage, comme le prouvent les différents feuillets au nom d'Areobindus, consul en 506 : ce consul est généralement représenté de face, assis sur un trône, entouré d'allégories et, parfois, de médaillons contenant des portraits de membres de la famille impériale. Il tient le sceptre et la mappa, sorte de serviette qu'il agitait pour donner le départ des courses. Au bas de la plaque sont, le plus souvent, représentées des scènes du cirque. L'iconographie peut, cependant, être plus simple, le consul seul étant représenté, trônant ou seulement en buste, dans un médaillon ; il est quelquefois symbolisé par les lettres de son nom, disposées en monogramme au milieu d'un cercle de feuillages. L'influence de ces diptyques consulaires et impériaux fut déterminante pour les ivoires carolingiens, aussi bien dans l'iconographie que dans le style et la disposition générale des plaques.

— Danielle GABORIT-CHOPIN

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Pour citer cet article

Danielle GABORIT-CHOPIN. DIPTYQUES CONSULAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Diptyque consulaire, art romain - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Diptyque consulaire, art romain

Autres références

  • IVOIRE

    • Écrit par Eugen von PHILIPPOVICH
    • 3 090 mots
    • 10 médias
    ...maîtres l'usage du diptyque, formé de tablettes en ivoire sculptées sur leur face extérieure et recouvertes de cire à l'intérieur. Les consuls offraient ces diptyques à l'empereur lors de leur entrée en fonctions. Produits sans interruption de 406 à 541, ces diptyques « consulaires » constituent une source...
  • PALÉOCHRÉTIEN ART

    • Écrit par François BARATTE, Françoise MONFRIN, Jean-Pierre SODINI
    • 13 503 mots
    • 10 médias
    ...l'Ancien Testament et de la Vie du Christ. Les ivoires présentent l'immense avantage de comporter une série d'œuvres profanes précisément datées : les diptyques, luxueuses tablettes à écrire offertes par les consuls à leurs amis lors de leur entrée en charge, suivant un usage normal à la fin du ...

Voir aussi