Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LÉVÊQUE CLAUDE (1953- )

Depuis près de trente ans, Claude Lévêque (né en 1953 à Nevers) a imposé ses installations, ses sculptures de néon et ses multiples. Il enchaîne les projets institutionnels et internationaux (P.S.1-MoMA de New York, 1999 ; Musée d'art moderne et contemporain de Genève, 2003 ; 7e biennale de Lyon, 2003 ; Hamburger Bahnhof de Berlin, 2006 ; pyramide du musée du Louvre, 2014-2015) tout en continuant de répondre favorablement à des invitations plus modestes. En 2007, il a ainsi réalisé Tous les soleils, une commande publique qui prend pour cadre un haut-fourneau lorrain à Uckange. Depuis lors, il a été choisi pour représenter la France lors de la 53e biennale de Venise en 2009 avec Le Grand Soir, une installation sombre et menaçante dont la thématique s'appuie sur une symbolique anarchiste.

Formé à l'école des Beaux-Arts de Bourges, Claude Lévêque entame sa carrière en 1982 à l'occasion d'une exposition collective à la Maison des arts de Créteil. Le critique d'art Michel Nuridsany remarque Grand Hôtel, une œuvre qui se situe entre installation et sculpture. Sur un autel recouvert de satin et entouré de bris de miroirs, trente images fragmentaires sont parées d'encadrements au charme suranné. Au centre de ce tombeau d'une adolescence évanouie, trône un bouquet de roses rouge écarlate. En plongeant le spectateur dans la pénombre, Lévêque met en place le vocabulaire sentimental et physique qui fait sa signature. Il y revendique aussi bien l'influence de Mort à Venise de Luchino Visconti que celle des installations de Christian Boltanski. Mais à la différence de celui-ci, Lévêque entretient une ambiguïté entre auto-fiction, fiction et autobiographie. Il dit présenter « ...des fictions liées à ma vie, mais qui donnent lieu à des échanges avec les visiteurs. Ils vont rencontrer des émotions, des lieux, des moments de leur mémoire personnelle ou ancrés dans la mémoire collective. Quand j'ai commencé en 1982, je travaillais autour de ma propre mémoire d'enfance, en réactivant des objets qui lui étaient liés. »

Jouant habilement de la dimension elliptique et subjective qui caractérise des éléments disparates à fort potentiel narratif, l'artiste va composer un univers spéculatif sous-tendu par l'émotion. Suivent des installations qui lient la culture punk de Lévêque aux inquiétudes de l'individu face à une société normalisante. Entretenant une frustration émaillée d'adoration à l'égard de l'adolescence et de son approche de la sexualité, mêlant souvenirs et fantasmagories, Claude Lévêque crée en 1983, L'Anniversaire 1 (F.R.A.C. Bourgogne). Dans une salle comme enveloppée par un chant d'oiseau, quatre paysages insulaires sont présentés sur de hauts socles. Chacun est doté d'un prénom dont on ignore à qui il renvoie. Le son fait ainsi très tôt son apparition dans le vocabulaire et les obsessions de l'artiste, s'ajoutant aux effets que permettent les écarts de luminosité. Plusieurs années plus tard, il fera chanter sa mère, à la voix déjà fragile, sur un standard de la chanson française, Et si tu n'existais pas de Joe Dassin (Ende, 2001).

Claude Lévêque alterne ainsi la réalisation d'environnements extrêmement dépouillés mais néanmoins violents, qui font éprouver au spectateur une forte impression de coercition, avec des ensembles de tonalité très sentimentale et d'autres plus séduisants de prime abord, mais finalement tout aussi retors. Sans chercher à illustrer une situation donnée par le lieu où il s'installe, il préfère composer par induction. Ainsi, il capitonne un appartement d'une cité H.L.M. de Bourges entre 1993 et 1994 au moyen de matelas récupérés dans un internat et un centre de détention. Le sens de ses interventions devient multiple, l'état d'urgence et de claustration extrêmes ne renvoyant pas à une morale unique,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

Classification

Pour citer cet article

Bénédicte RAMADE. LÉVÊQUE CLAUDE (1953- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi