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MANDIARGUES BONA DE (1926-2000)

Bona Tibertelli de Pisis (dite Bona), artiste peintre, est née le 12 septembre 1926 à Rome. Se déclarant volontiers « autodidacte et ignorante », elle eut très tôt la révélation de la peinture : en 1932, son oncle Filippo de Pisis, peintre de la tendance métaphysique, séjourne dans la résidence familiale près de Modène, installe un atelier et produit sur la petite fille une forte impression qui décidera de sa vocation à venir. Ainsi, contre l'avis de ses parents, elle s'inscrit à l'Atelier d'art Venturi à Modène en 1939 et commence à peindre dans un grenier aménagé en atelier ; en 1946, elle rejoint son oncle à Venise où elle suit les cours de l'Académie des beaux-arts et peint à la manière métaphysique tout en se familiarisant avec l'art de Giorgio De Chirico, de Giotto, des écoles siennoise et ferraraise. Un séjour à Paris en 1947 la met en contact avec les milieux surréalistes de l'après-guerre : elle y rencontre le poète André Pieyre de Mandiargues – qui la présente à Breton, Ponge et Paulhan – et qu'elle épouse en 1950, date à laquelle elle se fixe à Paris. Dès lors, son œuvre s'inscrit dans la mouvance surréaliste et cette « peintresse », ce « peintre avant toute chose », ce « peintre de naissance » selon les termes de Mandiargues rejoint la nébuleuse des femmes à la fois inspiratrices et créatrices associées au groupe surréaliste (Meret Oppenheim, Leonora Carrington ou Dorothea Tanning). Elle commence rapidement à exposer : à Paris en 1952, sa première exposition personnelle est organisée par la galerie Berggruen et à Milan l'année suivante par la Galleria Il Millione. Elle participe par la suite aux expositions surréalistes : à l'exposition surréaliste de 1953 (galerie l'Étoile scellée, Paris), à l'Exposition internationale du surréalisme de 1959 (galerie Daniel Cordier, Paris), à l'exposition Le Surréalisme en 1964 (galerie Charpentier, Paris) et à Signe d'un renouveau surréaliste, 1969 (galerie Isy Brachot, Bruxelles).

Dans la tradition chère au groupe d'une étroite collaboration entre poètes et peintres, elle illustre d'eaux-fortes des ouvrages d'Octavio Paz, d'André Pieyre de Mandiargues, de Giuseppe Ungaretti et de Philippe Soupault. Son œuvre se développe en phases successives liées entre elles par une constante transposition poétique du monde et de la matière à la recherche d'analogies dépassant les apparences sensibles : « Son monde est ce qui se révèle, dès le seuil, quand l'homme renonce aux choses vues » (René de Solier). Elle pratique tout d'abord le ramassage d'objets naturels (cailloux, coquillages, racines) qui, peints hors d'échelle ou ayant subi d'étonnantes métamorphoses, constituent d'étranges paysages évoquant la nature dans sa perpétuelle transformation, dans ses passages d'un règne à l'autre. À cette période de « peinture froide » et minérale succèdent l'exploration d'une voie néo-dada, burlesque et inspirée de l'univers d'Arcimboldo ainsi que l'expérimentation de procédures surréalistes de surgissement automatique des images (décalcomanies ou pliages) : monstres hybrides et paysages anthropomorphiques caractérisent alors son art.

À partir de 1959, elle abandonne la figuration au profit de recherches matiéristes abstraites, explorant les différences d'épaisseur de l'huile ou l'incorporation de matières (ciment, stuc, enduit, gravier, sable) travaillées à la truelle : ses toiles reposent désormais sur des accords raffinés ou des contrastes violents de forme, de couleur et de texture. Enfin, elle renouvelle la pratique du collage en utilisant des objets de rebut et surtout en assemblant sur la toile des morceaux de tissu recherchés chez les fripiers : armatures internes et doublures[...]

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Guitemie MALDONADO. MANDIARGUES BONA DE (1926-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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