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BIMÉTALLISME

Système monétaire qui combine deux étalons, or et argent. La loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803), qui instituait en France un système bimétalliste, fixa les trois conditions nécessaires à un tel système : un rapport légal fixe entre les deux métaux, l'or ayant une valeur 15,5 fois supérieure à celle de l'argent, l'attribution à chacun des deux métaux du pouvoir libératoire illimité et la frappe par l'État à la demande des particuliers.

L'inconvénient pratique d'un tel système provenait d'une éventuelle discordance entre le rapport légal fixe et le rapport commercial résultant des cours libres de l'or et de l'argent, qui étaient déterminés par le volume des offres et des demandes de ces métaux. Ainsi, lorsque, par exemple, la valeur de l'argent avait baissé, il était possible de tirer un profit en faisant fondre des pièces d'or pour les échanger contre de l'argent à sa valeur commerciale, puis ensuite le faire frapper, ce qui lui donnait une valeur supérieure en or. Il en résultait un accroissement de la circulation de l'argent et une véritable disparition de la circulation monétaire de l'or qui était thésaurisé ou utilisé pour les règlements extérieurs. Cette situation est résumée par la « loi de Gresham » : « Quand dans un pays deux monnaies légales sont en circulation, la mauvaise monnaie (monnaie en métal déprécié) chasse la bonne. »

Les difficultés des pays bimétallistes ont imposé la mise en œuvre de certains correctifs, qui ont abouti à un « bimétallisme boiteux » ou, en pratique, à un monométallisme or de fait. Ainsi en 1865, à la suite de la découverte des mines d'or en Australie et en Californie, pour remédier à la pénurie relative d'argent, l'Union monétaire latine, qui réunissait la France, l'Italie, la Suisse, la Belgique décida de réduire le titre des pièces d'argent pour abaisser leur valeur exprimée en or et de limiter le pouvoir libératoire et la frappe libre à la seule pièce d'argent de 5 F. Une dizaine d'années plus tard, la situation s'inversa, ce qui entraîna une dépréciation relative de l'argent ; aussi, en 1878, l'Union monétaire latine supprima-t-elle en son sein la liberté de frappe de l'argent, en conservant pourtant le pouvoir libératoire illimité de la pièce d'argent de 5 F.

L'instabilité du système bimétallique a donc conduit à un monométallisme or de fait. Au début du xxe siècle, les principaux pays du monde avaient définitivement abandonné le bimétallisme.

— P. SCHAEFER

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'U.E.R. de droit de Metz

Classification

Pour citer cet article

P. SCHAEFER. BIMÉTALLISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHANGE - Le système monétaire international

    • Écrit par Henri BOURGUINAT, Gunther CAPELLE-BLANCARD
    • 6 604 mots
    • 3 médias
    ...par ce qui est alors l'économie dominante : la Grande-Bretagne. Après de nombreuses oppositions, le monométallisme or défendu par ce pays l'emporte sur le bimétallisme or et argent qui eut longtemps la préférence de la France (le franc germinal de l'an XI est défini par son poids d'argent et seulement...
  • DOLLAR

    • Écrit par Dominique LACOUE-LABARTHE
    • 11 247 mots
    • 2 médias
    ...institué en 1792 par le Coinage Act (loi sur le monnayage). L'influence d'Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor, est prépondérante. Il instaure un système bimétalliste or et argent. L'unité monétaire est le dollar. Le Congrès fait du dollar l'unité de compte et choisit le système métrique...
  • FRANC FRANÇAIS

    • Écrit par Dominique LACOUE-LABARTHE
    • 9 714 mots
    • 5 médias
    Le bimétallisme fonctionne de façon satisfaisante tant que l'un ou l'autre des deux métaux ne fait pas une prime excessive. Avant 1814, l'or fait prime sur l'argent (rapport commercial moyen 16/1). En 1820, au contraire, c'est l'argent (15,04/1) car l'or s'est raréfié. Quand le rapport commercial remonte...
  • GRESHAM sir THOMAS (1519-1579)

    • Écrit par Bernard DUCROS
    • 234 mots

    Commerçant et banquier, agent à Anvers d'Édouard VI, roi d'Angleterre, Gresham est le fondateur du Royal Exchange (Bourse de commerce) de Londres. Spécialiste des questions de change, il a donné son nom à la loi, dite de Gresham, qui s'énonce généralement sous cette forme : « La mauvaise monnaie...

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Voir aussi