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BELOVED, Toni Morrison Fiche de lecture

Toni Morrison - crédits : Bettmann/ Getty Images

Toni Morrison

Publié en 1987, le cinquième ouvrage de la romancière américaine Toni Morrison (1931-2019) lui valut le prix Pulitzer et accrut une réputation déjà établie avec Le Chant de Salomon (1985).

L'incident qui sert de point de départ au roman est le meurtre accompli en 1856 par Margaret Garner, une esclave fugitive, de sa fillette, à laquelle elle voulait éviter la servitude. Cette affaire connut un grand retentissement dans la presse et les écrits abolitionnistes. Beloved se donne pour ambition de dire la « part maudite » du passé américain, d'explorer les ténèbres de la réminiscence, afin d'affirmer une écriture et une perspective historique résolument noires. Au moyen des procédés narratifs les plus sophistiqués, le roman va retracer le passage de la relative quiétude de l'oubli aux affres de la « remémoration ».

Un roman de la culpabilité et de la rédemption

Après la mort du planteur libéral de Sweet Home, un maître sadique contraint une esclave noire, Sethe, à fuir : enceinte, séparée de Halle, son mari, et des autres esclaves, elle parvient à envoyer ses deux fils et sa fille près de Cincinnati. Elle les rejoint enfin, après avoir accouché en route d'une deuxième fille, Denver. Son histoire refait surface par bribes quand, dix ans après, Paul D. retrouve Sethe en pleine dépression dans sa maison hantée que ses fils ont quittée, tandis que Denver montre de l'hostilité. L'arrivée de Paul D., l'un de ses anciens compagnons de la plantation, ranime de bons souvenirs : il chasse les fantômes et s'installe. Mais Sethe doit bientôt héberger une jeune femme noire qui dit s'appeler Beloved, du nom de la fillette que sa mère a égorgée pour lui éviter l'esclavage : « Accroupie pour secouer la tirette du fourneau ou casser des brindilles pour faitre du petit bois, Sethe était léchée, goûtée, mangée des yeux par Beloved. Comme un esprit familier, elle rodait, ne quittant jamais la pièce où Sethe se trouvait, à moins qu'on ne lui demande ou qu'on lui intime de le faire. » Si Beloved n'est pas une réincarnation de la morte, quelle est son identité ? Elle semble personnifier à la fois la culpabilité et la rédemption de sa mère qui finira dans une demi-folie.

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Pour citer cet article

Michel FABRE. BELOVED, Toni Morrison - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Toni Morrison - crédits : Bettmann/ Getty Images

Toni Morrison

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    ...Chant de Solomon (1978), de Toni Morrison. À la lumière du « réalisme magique », une romancière noire se réapproprie le Sud, « son » Sud. Avec Beloved (1987), qui remonte à l'avant-guerre, aux temps de l'esclavage, elle a écrit le plus faulknérien des romans, sur la difficulté de se souvenir...
  • MORRISON TONI (1931-2019)

    • Écrit par Michel FABRE, Claudine RAYNAUD
    • 1 654 mots
    • 1 média
    En 1987, Beloved obtient le prix Pulitzer pour la fiction. Ce livre essaie de restituer l'histoire afro-américaine dans une dialectique complexe de la mémoire et de l'oubli, établissant un dialogue avec la tradition des récits d'esclaves et montrant la transformation de l'image de la plantation. Le fantôme...

Voir aussi