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STRADIVARIUS ANTONIO (1643 env.-1737)

Violon, A. Stradivarius - crédits : Ashmolean Museum/ Heritage Images/ Getty Images

Violon, A. Stradivarius

Célèbre luthier italien, à l'apogée de la facture pour instruments à cordes. Antonio Stradivarius ainsi que ses deux fils Francesco (1671-1743) et Omobono (1679-1742) signèrent quelques-uns des plus prestigieux violons de l'histoire de cet instrument. « Il apporte avec lui le métier le plus achevé, la curiosité la plus ouverte, la plus inlassable patience, la plus rare alliance de la méthode et de l'instinct » (Marc Pincherle, Les Instruments du quatuor). Il naquit et vécut à Crémone, fief d'une des grandes écoles de facture italienne, rivale notamment de celle de Brescia. Nicola Amati (1596-1684), lui aussi luthier remarquable d'une dynastie fameuse, forma de nombreux élèves, dont Andrea Guarneri (1626-1698), ses fils Pietro Giovanni Guarneri (1655-env. 1698) et Giuseppe Giovanni Battista, son frère (1666-env. 1738), en même temps qu'Antonio Stradivari, lequel collabora avec son maître jusqu'en 1680. La première période de production stradivarienne dure une vingtaine d'années, de 1665 à 1685, dans l'orbite d'Amati. De 1685 à 1700 environ, il perfectionne le style de facture dit « amatisé » (amatizzato) ; il abandonne les instruments aux voûtes très hautes et, peut-être sous l'influence de Giovanni Paolo Maggini (1580-apr. 1630), luthier de Brescia, il crée les longuets, au patron plus étroit, plus élancé et de format plus grand : il cherche une formule personnelle. Après 1700, Stradivari (ou Stradivarius) revient à un format moyen, dont la merveilleuse justesse de proportions établit sa réputation : ce sont les plus beaux violons qui sortirent de ses mains. Leur sonorité est à la fois ample et mélodieuse, chaude et somptueuse. Stradivari aurait construit quelque trois mille instruments, dont plus de cinq cents violons, douze altos, cinquante violoncelles sont identifiés et âprement convoités par les virtuoses ou les collectionneurs. Les chimistes se sont penchés avec passion sur ces joyaux de la facture, en particulier afin d'analyser les vernis qu'employait le luthier. Beaucoup de ces instruments portent un nom ; ainsi connaît-on, d'après le virtuose qui s'en servit, le Hellier (1679), le Toscan (1690), le Betts (1704), le Viotti (1709), le Boissier (1713), le Messie (1716), le Rode (1722), le Sarasate (1724), l'Empereur, le Parke, le Vieuxtemps, le Lauterbach... Parmi les luthiers disciples d'Antonio Stradivari, outre ses deux fils déjà cités, relevons les noms de Carlo Bergonzi (1686-1747), de Alessandro Gagliano (1640-1725) qui fonda l'école napolitaine, de Lorenzo Guadagnini (père d'une illustre dynastie de luthiers, dont la descendance n'est pas encore éteinte), et de Giuseppe Guarneri (Guarnerius), dit Guarnerius del Gesù (1687-apr. 1742), lequel construisit des violons réellement capables de rivaliser avec ceux de son maître ; il fut aussi l'élève de Maggini.

Il convient de remarquer que, quelle que soit la valeur de la prestigieuse signature, certains violons qui la portent ont une valeur amoindrie, en raison des restaurations nécessaires qu'ils ont dû subir ; aussi, un Stradivarius restauré n'égale-t-il pas forcément un bon violon moderne ou contemporain.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. STRADIVARIUS ANTONIO (1643 env.-1737) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Violon, A. Stradivarius - crédits : Ashmolean Museum/ Heritage Images/ Getty Images

Violon, A. Stradivarius

Autres références

  • INSTRUMENTS DE MUSIQUE - Facture instrumentale

    • Écrit par Daniel MAGNE, Anne PENESCO
    • 6 790 mots
    • 14 médias
    ...parure ; il doit être suffisamment résistant, mais pas trop dur toutefois, car l'instrument perdrait en sonorité. Certains, convaincus que la sonorité des Stradivarius est due principalement à leur vernis, ont cherché à découvrir le « secret » du luthier italien. Il semble cependant plus raisonnable de penser...
  • INSTRUMENTS DE MUSIQUE - Restauration des instruments

    • Écrit par Josiane BRAN-RICCI
    • 2 557 mots
    • 2 médias
    Le mythe Stradivarius demeure inchangé depuis le début du xixe siècle, le prestige de son nom est tel qu'il est devenu symbole de la lutherie, symbole du violon, dans le grand public. Il est hors de doute que ce luthier a produit des instruments d'une qualité incomparable, véritables miracles de timbre,...
  • VIOLON, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
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    • 11 médias
    ...le fondateur est Andrea Amati (avant 1511-1577) ; ses fils – Antonio Amati (vers 1540-1607) et Girolamo Amati (vers 1561-1630) – poursuivent son œuvre. Antonio Stradivari (entre 1644 et 1649-1737), également luthier à Crémone et probablement disciple de Nicolò Amati (1596-1684), mettra à profit un siècle...
  • VIOLON

    • Écrit par Émile LEIPP
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    Le violon, à l'époque de Stradivarius, était un membre de toute une « famille » : violon, alto, ténor, basse et contrebasse. Le ténor, qui se jouait sur les genoux, disparut de bonne heure. On notera que les dimensions relatives entre les membres de la famille découlent d'expériences empiriques...

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