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CALVOS ANDRÉ (1792-1867)

À la recherche d'une langue

Ni Solomos ni Calvos n'ont hérité d'une langue élaborée. Fixé sur son île, Solomos concentrait son attention sur les chants folkloriques et les poèmes de la renaissance crétoise, s'efforçant de créer un langage assez souple et précis. Errant à travers l'Europe, Calvos, qui a perdu le sens de sa langue maternelle, fuit « la monotonie des poèmes crétois » et redécouvre des rythmes proches d'un classicisme conventionnel. S'inspirant des méthodes chères à Foscolo, il enrichit la langue commune de tournures et de vocables archaïques. Des substantifs de forme populaire s'accompagnent d'adjectifs empruntés à Homère ou à Pindare, les conjugaisons sont arbitraires, la formation des mots capricieuse, la syntaxe anarchique. Il en résulte des ambiguïtés de sens, et les trivialités sont parfois évitées de justesse.

Calvos brise en deux hémistiches le vers populaire de quinze syllabes. Se libérant du « barbarisme des rimes », il invente un mètre fait de « synérèses et d'accents », capable, dit-il, « d'imiter les mouvements de l'âme et d'exprimer tout ce que l'esprit et les sens rencontrent dans l'univers physique ou imaginaire ». Ses odes ont une structure uniforme : strophe de quatre vers de sept syllabes suivies d'un vers de cinq. Elles sont denses, solennelles, d'allure pindarique.

Mais, sous ce vêtement un peu trop bien tiré, on sent palpiter une langue gorgée de sucs. Les images épiques surtout foisonnent, éclatantes, bien accordées à l'élévation du sujet. Calvos surprend au tournant « la trouvaille lyrique » (O. Elytis) :

  Pluie encore suspendue   Tandis que dorment les vents   de l'univers.

Inattendues, dramatiques, les images élargissent la signification du réel le plus quotidien :

  Le soleil mû en cercle   comme une araignée m'enroule   de lumière et de mort   Interminablement.

et encore :

  Libres, débridés, courant par les vignes   Les chevaux, et sur leur dos   le souffle des vents   cavale seul.

L'agencement des odes est simple et rationnel. Comme l'écrit Dimaras, « il suit un syllogisme : idée générale, application particulière, conclusion. Ce schéma est agrémenté de descriptions, d'envolées, de vœux, en un mot de tous les éléments du lyrisme. » Ainsi se rejoignent une structure classique et une inspiration romantique.

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Pour citer cet article

Stratis TSIRKAS. CALVOS ANDRÉ (1792-1867) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRÈCE - Langue et littérature

    • Écrit par Christophe CHICLET, André MIRAMBEL, Panayotis MOULLAS
    • 7 317 mots
    ...siècle ce que l'on appelle l'école de l'Heptanèse. Il faut néanmoins noter quelques exceptions : A. Lascaratos (1811-1901), A. Valaoritis (1824-1879) et A.  Calvos (1792-1869), contemporain et compatriote de Solomos, mais qui se situe aux antipodes de celui-ci. Archaïste, tout ensemble classique et préromantique,...

Voir aussi