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Opératrices téléphoniques

Un standard téléphonique du National Telephone Co, aux États-Unis, vers 1900. Les opératrices, encore appelées les «demoiselles du téléphone», établissaient manuellement les communications téléphoniques avant que les centraux automatiques se répandent. Aux moments de pointe, certaines pouvaient écouler près de deux cents appels à l'heure. Elles ont enflammé l'imagination, ces «Vierges vigilantes dont nous entendons chaque jour la voix sans jamais connaître le visage, et qui sont nos anges gardiens dans les ténèbres vertigineuses dont elles surveillent jalousement les portes; les Toutes-Puissantes par qui les absents surgissent à notre côté, sans qu'il soit permis de les apercevoir; les Danaïdes de l'invisible qui sans cesse vident, remplissent, se transmettent les urnes des sons; les ironiques Furies qui, au moment où nous murmurions une confidence à une amie, avec l'espoir que personne ne nous entendait, nous crient cruellement: J'écoute; les servantes toujours irritées du Mystère, les ombrageuses prêtresses de l'Invisible, les Demoiselles du téléphone!» (Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes, vol. II).