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22 avril-3 mai 1989

Sénégal - Mauritanie. Massacres de Sénégalais et de Mauritaniens à Dakar et à Nouakchott

Les 22 et 23, les milliers de petits commerçants mauritaniens de Dakar (Sénégal) sont la cible de vandales et de pilleurs sénégalais. Ces événements interviennent après les heurts qui ont opposé, le 9, des paysans sénégalais à des éleveurs nomades mauritaniens dans le village frontalier de Diawara. Ces violences, qui apparaissent comme des exutoires à la misère et à la colère sociale, résultent tant des sentiments de racisme entre Noirs et Arabes que de la xénophobie traditionnelle existant dans les deux pays.

Les 24 et 25, des massacres sont perpétrés en guise de représailles par les populations de Nouakchott et de Nouadhibou (Mauritanie) contre la communauté sénégalaise, causant la mort d'environ deux cents personnes. Le couvre-feu est décrété dans ces deux villes le 25.

Le 26, le roi Hassan II du Maroc, président en exercice de l'Union du Maghreb arabe (U.M.A.), dont la Mauritanie fait partie, envoie dans les deux capitales une mission de conciliation.

Le 27, Dakar élève une « vive protestation » auprès de Nouakchott tandis qu'une nouvelle flambée de violence embrase pendant deux jours la capitale sénégalaise au récit des atrocités rapporté par les premiers rapatriés venant de Mauritanie. Près d'une centaine de Mauritaniens sont tués. L'état d'urgence et le couvre-feu sont instaurés le 28.

Le 29 débutent, avec l'aide de la France, les opérations de rapatriement aérien des dizaines de milliers d'émigrés dans leurs pays respectifs.

Le 3 mai, la Mauritanie décide d'expulser de son territoire tous les Sénégalais ainsi que les Mauritaniens d'origine sénégalaise. À la fin de mai, selon les chiffres publiés par les deux capitales, il y a soixante-dix mille réfugiés au Sénégal et cent soixante-dix mille en Mauritanie.

— Universalis

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