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11-30 juin 1985

Liban - États-Unis. Négociations pour la libération de trente-neuf otages américains retenus à Beyrouth

Le 11, quatre ou six hommes armés pénètrent sur la piste de l'aéroport de Beyrouth et réussissent à monter à bord d'un Boeing 727 de la compagnie jordanienne Alia en partance pour Amman. L'avion, avec cinquante-sept passagers, huit agents de la sécurité jordanienne et neuf membres d'équipage à bord, se pose à Larnaka (Chypre), puis à Palerme, avant de revenir à Beyrouth. Les pirates de l'air, qui dénoncent la « complicité entre le roi Hussein de Jordanie et Yasser Arafat », exigent le « départ de tous les Palestiniens des camps de Beyrouth ». Après plusieurs heures de négociations, les auteurs du détournement libèrent, le 12, tous leurs otages ; avant de réussir à s'enfuir, ils font exploser l'appareil. D'après de nombreux témoignages, les pirates appartiendraient à la milice chiite Amal.

Le 14, un Boeing 727 de la compagnie américaine T.W.A., qui effectuait la liaison Athènes-Rome avec cent quarante-cinq passagers et huit membres d'équipage à bord, est détourné en vol par deux pirates de l'air. Il se pose d'abord à Beyrouth, puis, les 14 et 15, se rend deux fois à Alger avant de revenir définitivement à Beyrouth, le 16. Entre-temps, un otage américain, Robert Stethem, plongeur dans la marine, est assassiné, à Beyrouth, par les pirates ; d'autre part, plus d'une centaine de passagers sont relâchés et il n'en reste qu'une quarantaine dans l'avion, tous américains. Les pirates de l'air, qui sont des extrémistes chiites libanais, formulent plusieurs revendications, dont la principale est la libération des sept cent soixante-six prisonniers du camp d'Atlit en Israël, où ils ont été transférés après l'évacuation au début du mois d'avril du camp d'al-Ansar au Liban du Sud.

Le 16, Nabih Berri, chef de la milice chiite Amal et ministre libanais de la Justice, annonce qu'il prend les négociations en main et se déclare « partie prenante » de la demande de libération des Libanais détenus en Israël. Dès la nuit suivante, il fait transférer les otages vers divers lieux de détention.

Le 18, alors qu'une flotte de guerre américaine croise au large des côtes libanaises, Ronald Reagan exclut publiquement toute « concession aux terroristes » ; Jérusalem, qui avait promis que les détenus d'Atlit seraient libérés très rapidement après la fin de l'évacuation du Liban par ses troupes, refuse de céder au chantage des chiites, à moins d'une requête américaine officielle. L'événement suscite une émotion considérable aux États-Unis.

Le 24, trente et un détenus d'Atlit sont rapatriés par Israël au Liban, mais Amal juge insuffisantes ces libérations, justifiées en Israël par des considérations purement juridiques.

Le 25, Ronald Reagan envisage l'éventualité de sanctions contre le Liban.

Le 26, Nabih Berri propose que les otages soient transférés dans une ambassade occidentale (française ou suisse) à Beyrouth ou à Damas jusqu'à la libération des sept cent trente-cinq Libanais encore détenus en Israël et précise que le sort des Français Jean-Paul Kauffmann et Michel Seurat, enlevés à Beyrouth le 22 mai, est désormais lié à celui des otages américains. Roland Dumas déclare que la France ne peut se « substituer aux geôliers ».

Le 29, Washington et Damas annoncent que les otages ont quitté Beyrouth et se dirigent vers la Syrie, mais c'est une fausse nouvelle. Le 30, les trente-neuf otages américains arrivent enfin à Damas, d'où ils gagnent Francfort à bord d'un C-141 américain. Nabih Berri annonce que J.-P. Kauffmann et M. Seurat ne seront relâchés qu'après la libération effective des Libanais détenus en Israël.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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