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PAGAVA VERA (1907-1988)

Le peintre Vera Pagava aura attendu soixante-quinze ans pour qu'un musée lui consacre l'hommage auquel elle avait droit. C'est à Pierre Granville que revint le mérite d'organiser en 1982 la première rétrospective de ses œuvres, au musée des Beaux-Arts de Dijon, en une exposition couvrant cinquante années d'activité et qui révélait d'un coup au grand public la peinture silencieuse et subtile de cette artiste. Originaire de Tbilissi en Géorgie, Vera Pagava, née en 1907, trouve refuge avec sa famille en France en 1923 – quand l'U.R.S.S. annexe la Géorgie après l'occupation par l'Armée rouge –, à Montrouge, dans la maison même qu'occupa l'écrivain Léon Bloy à la fin du siècle dernier. Inscrite à l'académie Ranson, de 1934 à 1939, dans l'atelier de Roger Bissière, elle retient l'attention de Jeanne Bucher qui lui offre sa première exposition personnelle à Montparnasse en 1944. Très vite, Pagava fait son chemin ; présente dans la plupart des grands salons, elle figure, à l'invitation de Jacques Lassaigne, parmi les représentants de la biennale de Venise de 1965.

Du profane au sacré, toute l'œuvre de Vera Pagava s'est attachée à défendre l'idée d'une peinture fondée sur une attitude contemplative et exigeante à l'égard de la vie et de ses secrets. S'initier d'abord à la pratique de la nature morte ne l'a pas empêchée de s'intéresser par la suite à des thèmes variés et foisonnants : ceux des grandes batailles de l'histoire, des grandes cités des hommes ou de Dieu, comme cette Jérusalem céleste de 1958, ou des grandes abbayes comme Fontevrault. À chaque fois, le peintre dresse des espaces de méditation, dans une palette dont l'éclaircissement, pour ne pas dire l'aveuglement d'une blancheur absolue, signale la quête mystique. Le lent déplacement du visible à l'infiguré dont s'anime l'œuvre de Vera Pagava lui confère son ancrage dans le temps, parce que c'est à la dilution de celui-ci qu'elle n'a cessé en définitive de s'appliquer.

— Philippe PIGUET

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Philippe PIGUET. PAGAVA VERA (1907-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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