URÉTHROSCOPE

Le 23 novembre 1853 voit la présentation à l'Académie de médecine par Antonin-Jean Desormeaux (1815- 1894) du contenu de son pli cacheté déposé à la fin de l'année 1852, la « Description de l'Uréthroscope ou spéculum uréthral, instrument qui permet d'appliquer la vue au diagnostic et au traitement des affections de l'uréthre ». Notons que, pour la dernière fois, est utilisé encore le terme de spéculum comme une sorte d'hommage aux travaux précurseurs de Pierre-Salomon Ségalas dont le spéculum uréthro-cystique (1827) permettait déjà la vision d'une vessie urinaire par un éclairage à la bougie optimisé par un réflecteur, bien différent du Licthleiter de Philipp Bozzini (1807).

Le maître de la lumière, Fresnel, conseilla à ce moment l'usage d'un éclairage latéral renvoyé par un prisme incliné à 45 degrés, mais il convient de souligner ici le rôle indéniable d'un autre précurseur : l'otologiste Jean-Pierre Bonnafont (1805-1891), qui sut en 1834 créer un otoscope avec latéralisation de la source lumineuse, rendant ainsi la vision indépendante de la lumière. C'est sur de telles bases que Desormeaux créera son instrument, qu'il rebaptisera endoscope dès 1855 lors d'une présentation à l'Académie des sciences. Il sut trouver un meilleur gain lumineux grâce à une lampe alimentée par un mélange d'alcool et d'essence de térébenthine dont l'inconvénient restait l'échauffement, mais cela ne l'empêcha nullement de procéder à des opérations locales et il réussira la première ablation d'un papillome de l'urèthre. Son appareil, peu soutenu dans le milieu médical français mais apprécié à l'étranger, permettra l'exploration d'autres cavités comme le rectum et sera ensuite le tremplin de l'œsophago-gastroscopie, car il avait ouvert la voie d'une exploration au-dedans du corps humain, que l'on appellera l'endoscopie.

— Alain SÉGAL