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TONG-HAK

Fondé en Corée au milieu du xixe siècle par Tchö Dje-u (1824-1864), le mouvement appelé Tong-hak (doctrine orientale) entendait susciter un renouveau religieux et social en réaction contre les idées occidentales que l'on désignait alors sous le nom de sǒ-hak (doctrine occidentale). Il reposait, selon le fondateur lui-même, sur une synthèse des principes moraux du confucianisme, des théories bouddhistes de la compassion et de l'égalité, de la conception taoïste de l'immortalité. Les adeptes du Tong-hak étaient persuadés de réaliser cet idéal grâce à la communication qu'ils pourraient avoir avec le Seigneur du ciel (tchǒn-dju) par le moyen de la prière que Tchö Dje-u lui-même avait formulée en ces termes : « Que descende sur nous le Grand Souffle[ki]qui arrive maintenant. Que l'on se soumette au Seigneur du ciel et que l'on se conforme à sa loi. Qu'on lui soit éternellement fidèle et que son entendement se réalise en toutes choses. » On récite cette prière en se prosternant à plusieurs reprises, la nuit tombée, devant un autel sur lequel est posé un vase d'eau pure, que les fidèles se partagent à la fin de la cérémonie. Quelques spécialistes voient là une influence du chamanisme traditionnel de Corée.

Les fidèles du Tong-hak, dont la plupart étaient des paysans, réclamaient des réformes sociales d'une façon si violente que Tchö Dje-u fut finalement condamné à mort. Placés, dès lors, sous la direction de Tchö Si-hyǒng (1829-1898), ils ne cessèrent d'accuser le système despotique de la dynastie des Li et finirent par se révolter sous la conduite de Djǒn Bong-djun (1853-1895) et de Son Pyǒng-hi (1861-1922), qui contrôlaient, disait-on, chacun 100 000 hommes. Effrayé par l'envergure de ce soulèvement, le gouvernement de Séoul demanda une aide à la Chine pour le réprimer (1894). L'intervention militaire de celle-ci ne tarda pas à entraîner celle du Japon, qui, sans y avoir été invité officiellement, expédia en Corée une armée sous prétexte de protéger ses ressortissants. Une fois la révolte réprimée, l'armée chinoise et celle du Japon s'affrontèrent sur le territoire coréen, provoquant la guerre sino-japonaise de 1894-1895.

Actuellement, l'influence du Tong-hak est réduite. Réorganisé en 1905 sous le nom de Tchǒn-do gyo (doctrine de la Voie céleste), le mouvement comptait en 1968, d'après les statistiques établies alors, 120 paroisses, 986 prêtres (851 hommes et 135 femmes) et 637 000 fidèles. Il compterait au tout début des années 2000 près de 1 500 000 fidèles répartis en 280 paroisses.

— Ogg LI

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Écrit par

  • : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Ogg LI. TONG-HAK [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • CORÉE - Histoire

    • Écrit par , , et
    • 6 282 mots
    • 13 médias
    ...territoire coréen depuis 1833, furent persécutés. Malgré cela, le nombre des catholiques continua d'augmenter, et on en comptait, en 1865, environ 23 000. Ce succès est comparable à celui de Tonghak ou « doctrine orientale », sorte de credo salvateur, proposé, en 1860, par Ch'oe Cheu (1824-1864), qui «...