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JONQUET THIERRY (1954-2009)

Thierry Jonquet est mort à Paris, le 9 août 2009, à l'âge de cinquante-cinq ans. Le 18 août, quatre cents personnes rassemblées au crématorium du Père-Lachaise, rendirent un hommage ultime à l'ami et au romancier. Son cercueil, sobre et de couleur rouge vif, rappelait opportunément son roman le plus autobiographique, Rouge c'est la vie (1998), qui racontait sa propre histoire d'amour et illustrait le parcours d'un romancier devenu une figure majeure de la littérature.

Né le 19 janvier 1954 à Paris, d'un père mécanicien à la R.A.T.P. et d'une mère gardienne d'école, tous deux sympathisants communistes, Thierry Jonquet acquiert précocement une conscience politique. Séduit par Ma vie de Trotski, il rejoint à quatorze ans les rangs de Lutte ouvrière puis, deux ans plus tard, ceux de la Ligue communiste révolutionnaire. Ses études sont assez chaotiques. Renvoyé du lycée Charlemagne, il ne s'attarde guère au lycée Turgot. Un cursus de philosophie à l'université de Créteil restera inachevé. Thierry Jonquet, victime d'un accident de voiture, choisit en 1976 de devenir ergothérapeute. « J'ai traîné un peu, d'hôpital en hôpital, chez les vieux, les tordus, les dingues. Puis, las des joies offertes par le monde hospitalier, je me suis réfugié dans les bras de l'Éducation nationale qui m'a aussitôt envoyé en exil dans les banlieues immigrées et riantes. » Par la suite, il travaille pour le ministère de la Justice en donnant des cours de français à de jeunes délinquants dans le cadre de l'éducation surveillée. Il exerce aussi plusieurs emplois des plus singuliers : livreur de chapeaux de mariée, marchand de lessives et peintre de bandes blanches sur les routes.

Son entrée en écriture se situe en 1980. Thierry Jonquet supporte difficilement l'atmosphère de l'hospice de vieillards qui l'emploie. La lecture de quelques volumes de la Série noire va lui permettre d'évacuer son malaise, et de composer son premier roman noir, Le Bal des débris : Frédo, brancardier dans un hospice, sympathise avec Alphonse, gangster de la vieille école. Les deux hommes profitent du bal masqué organisé dans l'établissement pour voler les bijoux d'une vieille dame. Même si l'humour affleure, la description de ce mouroir et du sort réservé à ceux qui y vivent est impitoyable, emblématique d'un style sans concession qui caractérisera l'œuvre de l'écrivain. Le livre paraît en 1984. Entre-temps, Thierry Jonquet a publié deux autres volumes. Mémoire en cage (1982) où Cynthia, une adolescente sur fauteuil roulant, considérée comme débile profonde, se venge du chirurgien qui a aggravé son état et réalise le crime parfait. Du passé faisons table rase (1982), paru sous le pseudonyme de Ramon Mercader, conte les démêlés de René Castel, secrétaire général du parti, avec son propre passé. Même s'il est fait mention d'un parti imaginaire, personne ne s'y trompe : le récit prend pour cible Georges Marchais, secrétaire général du P.C.F., qui avait participé au S.T.O. en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Thierry Jonquet a publié vingt romans et quatre récits pour adultes, dix romans pour la jeunesse, une trentaine de nouvelles et quelques textes issus d'ateliers d'écriture. « Je suis un grand lecteur de presse », avouait-il (Lire no 115, avril 1985). « Je découpe les faits-divers. » Plusieurs d'entre eux inspirent ses grandes réussites : un article sur les ordures ménagères génère le no 2000 de la Série noire, La Bête et la belle (1985), dans lequel, pour camoufler un crime, un individu accumule les sacs d'ordures dans son appartement ; une émission sur les transsexuels donne naissance à Mygale (1984), récit de la vengeance d'un chirurgien qui transforme un homme en femme. Ses derniers[...]

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  • POLICIER ROMAN

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    • 16 394 mots
    • 14 médias
    ...épisodes occultés de l'histoire. Son Meurtres pour mémoire (1984) évoque le massacre d'Algériens à Paris durant la manifestation du 17 octobre 1961. Thierry Jonquet, adepte du fait-divers, tisse des récits de noires vengeances. Son cauchemardesque Mygale (1984) est inspiré d'une émission sur les transsexuels....