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TÉRATOMES ET TÉRATOCARCINOMES

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Réversibilité de la différenciation cellulaire

Les cellules souches ont besoin de facteurs dits de croissance pour se multiplier mais également pour ne pas se différencier in vitro. Ces connaissances ont permis de caractériser, de cultiver, voire d'utiliser des cellules souches de tissus, ou de familles de types cellulaires. On connaissait les cellules souches de tissu en renouvellement rapide (sang, peau, épithéliums divers). Au cours des quinze dernières années se sont ajoutées des cellules souches de tissu hépatique, nerveux, myocardial, etc. Cependant, l'idéal, dans un projet médical futuriste, est de disposer de cellules souches issues de l'individu que l'on souhaite « réparer ». Pour cela, il faut partir de cellules adultes différenciées du sujet, c'est-à-dire chercher à établir que la différenciation cellulaire était réversible. En combinant l'action des produits de plusieurs gènes de contrôle, S. Yamanaka a réussi en 2005 à produire des cellules pluripotentes – donc dédifférenciées – à partir de cellules somatiques adultes, découverte qui lui vaut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2012. Des instituts se consacrent à la mise au point de protocoles qui permettront d'utiliser ces iPS (induced pluripotent stem cells) en médecine.

Souris et cellules souches - crédits : J. Szasz-Fabian/ Shutterstock

Souris et cellules souches

Un pas considérable a été franchi avec la publication dans la revue Nature du 11 septembre 2013 des travaux d'une équipe espagnole, dirigée par Maria Abad, qui a réussi à induire la production en grande quantité et in vivo, de cellules de type iPS. Pour ce faire, ces chercheurs ont élevé une lignée de souris transgénique avec quatre facteurs intracellulaires essentiels pour la transformation de cellules adultes en cellules souches : les gènes Oct4, Sox2, Klf4 et c-Myc. L'expression de ces gènes est induite par addition de l'antibiotique doxycycline dans l'eau de boisson des animaux. Cette expression est temporaire, ce qui devrait éliminer les risques de transformations cancéreuses. On voit alors apparaître des tératomes et des tératocarcinomes à haute fréquence dans différents organes. La seule interprétation possible est la déprogrammation des cellules différenciées ou des cellules souches d'organe, les amenant au statut d'iPS. Ces iPS nouvelle manière peuvent être isolées du sang et l'étude de leurs fonctionnalités montre qu'elles sont capables de meilleures différenciations que les iPS « classiques » et sont voisines des ES, la référence en la matière. L'extension à l'homme n'est pas évidente, mais envisageable. D'une certaine manière, la boucle est ainsi refermée sur l'histoire des tératomes de Roy Stevens : médiocres modèles pour les embryologistes, mais solides promesses pour une médecine réparatrice prometteuse bien qu'encore balbutiante.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Gabriel GACHELIN. TÉRATOMES ET TÉRATOCARCINOMES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Souris et cellules souches - crédits : J. Szasz-Fabian/ Shutterstock

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