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TECUMSEH (1768 env.-1813)

Né dans une tribu shawnee établie sur les bords de l'Ohio, le jeune Tecumseh voit son père et deux de ses frères tués par les Blancs lors des actions militaires engagées pour interdire aux pionniers les terres situées sur la rive ouest de l'Ohio. Tecumseh refuse le traité de Greenville (1795) par lequel sa tribu cède la partie nord des territoires qu'elle occupe ; rompant avec les autres chefs shawnee et suivi d'une troupe de guerriers dissidents, il s'oppose à l'avance des Blancs et plus particulièrement au commissaire spécial aux Affaires indiennes, William Henry Harrison, auquel il incombait de négocier les « traités scélérats ». Tecumseh trouve un allié dans son frère Tenskwatawa, dit le Prophète ; se disant inspiré par le Maître de la Vie, celui-ci annonce que les Indiens vont recouvrer bientôt leurs terres et retrouver leur intégrité culturelle s'ils acceptent de rejeter l'alcool et les autres objets de perversion apportés par les Blancs, de déposer les chefs signataires des traités de paix, de mettre fin aux guerres tribales et de s'unir contre l'envahisseur. Intervenant contre la mesure qui, dans toute l'histoire nord-américaine du xixe siècle, fait courir aux Indiens le plus grave danger, Tecumseh prétend, quant à lui, interdire au gouvernement américain l'achat de terres aux tribus prises séparément, les territoires appartenant le plus souvent (et notamment dans la vallée de l'Ohio) à l'ensemble des tribus d'un peuple. Washington passant outre, Tecumseh prêche l'alliance panindienne et entreprend de mettre sur pied une confédération des tribus indiennes qui impose entre Blancs et Indiens la rivière Ohio comme frontière définitive ; son appel est accueilli favorablement par les autres tribus de langue algonkine, par les Wyandot, par les Creek (sa mère est une Creek) et, dans l'ensemble, par tous les groupes de jeunes guerriers opposés aux chefs signataires de traités de paix. En novembre 1811, alors que Tecumseh visitait les tribus du Sud-Est, les guerriers du « Prophète » attaquent le corps expéditionnaire commandé par Harrison (bataille de Tippecanoe). Battus, discrédités auprès des autres tribus, les guerriers de Tecumseh passent au Canada, ruinant ainsi par une bataille engagée prématurément toute la politique d'alliance élaborée par Tecumseh.

Lors de la guerre qui éclate entre Anglais et Américains en juin 1812 (appelée parfois « seconde guerre d'Indépendance »), Tecumseh s'allie aux premiers, obtient avec ses deux mille guerriers quelques succès militaires lors des engagements qui se produisent à la frontière nord-américaine et reçoit même le grade de brigadier général dans l'armée régulière anglaise ; cependant, face aux troupes de Harrison, lequel vient également de recevoir le grade de brigadier général et d'être nommé commandant du front nord-est, Indiens et Anglais doivent battre en retraite ; au cours du mouvement, le chef indien persuade les Anglais de s'arrêter sur la Thames River ; le 5 octobre 1813, dans la bataille qui s'engage sur cette position de repli, Tecumseh est tué à la tête de ses troupes, et les Anglais sont défaits. Il devait être considéré par la suite comme l'un des plus extraordinaires chefs indiens de toute l'histoire des États-Unis ; dans A Century of Dishonor (1881), l'écrivain Helena Hunt Jackson le présente comme l'un des chefs indiens les plus clairvoyants et les plus lucides sur les méthodes de destruction de la culture indienne mises en œuvre par les États-Unis.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. TECUMSEH (1768 env.-1813) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CREEK

    • Écrit par Agnès LEHUEN
    • 856 mots

    Tribu indienne d'Amérique du Nord, qui parlait une langue muskogean et occupait à l'origine une très grande partie des plaines de Georgie et d'Alabama. Le mode de subsistance des Creek reposait principalement sur la culture du maïs, des haricots et des courges ; les femmes s'occupaient surtout...

Voir aussi