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VIEL TANGUY (1973- )

Tanguy Viel - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

Tanguy Viel

Né à Brest le 27 décembre 1973, Tanguy Viel se voue très jeune à la littérature. Remarqué par François Bon lors d’un atelier d’écriture à Tours, il entre en contact avec les Éditions de Minuit qui accueillent son premier roman alors qu’il n’a que vingt-cinq ans. Il leur est demeuré fidèle. Lauréat du prix Fénéon en 2001 pour L’Absolue Perfection du crime, il fut, en 2003, pensionnaire de la Villa Médicis à Rome.

Ciné-fictions

Selon Tanguy Viel, le roman ne peut plus être ce qu’il fut : « Quand on a 25 ans en 98 et qu’on a lu Beckett, Duras, Bernhard, l’image du livre est l’image monumentale du passé, plus l’image du livre déjà défait dans toutes ses composantes. » L’écrivain contemporain doit donc tout à la fois assumer l’héritage formel des avant-gardes et la concurrence du cinéma qui, dit Tanguy Viel, « a relevé la littérature de sa fonction mimétique ». Tel est l’espace restreint, ni réaliste, ni expérimental, dans lequel l’écrivain entreprend d’inscrire ses textes. Hanté par un passé défunt, Le Black Note (1998), son premier roman, en constitue une sorte d’allégorie : un saxophoniste, persuadé de jouer du dernier instrument de John Coltrane, a péri dans l’incendie qui a détruit la maison où son quartette s’était retiré. Tout semble fini. Mais les ruines de la littérature et la puissance du cinéma offrent un nouveau matériau entièrement disponible à l’écrivain. Il lui suffit d’œuvrer au sein de ce capital d’images disponibles, lequel constitue désormais notre fonds culturel majeur. Cinéma (1999), que Viel songea à intituler Remake, donne ainsi la parole à un cinéphile obsessionnel qui raconte, du début à la fin du roman, le film de Joseph Mankiewicz Le Limier(Sleuth, 1972). En monomane quasi beckettien, ce narrateur continue de s’interroger sur les péripéties qui jalonnent un film qu’il connaît par cœur.

Décidés à emprunter au septièmeart « une visualité intérieure pour fabriquer des phrases », les romans ultérieurs se nourrissent d’intrigues cinématographiques et déploient des archétypes très codifiés : hold-up dans un casino balnéaire inspiré de Scorsese dans L’Absolue Perfection du crime (2001), faux enlèvement crapuleux digne de Clouzot ou de Chabrol dans Insoupçonnable (2006), avec ses arnaques à double ou triple détente. Les romans de Viel vont jusqu’à calibrer leur rythme et leur longueur en fonction de la durée effective des films auxquels ils empruntent leur grammaire : mouvement, ellipse, montage, cadrage… Mais, comme le rappelle l’écrivain, c’est là une technique à l’œuvre de longue date en littérature, avec ses effets de concentration, d’allusion ou d’enchaînement, auxquels le cinéma apporte sa dimension visuelle et son efficacité narrative.

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université Paris Nanterre, Institut universitaire de France

Classification

Pour citer cet article

Dominique VIART. VIEL TANGUY (1973- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Tanguy Viel - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

Tanguy Viel

Autres références

  • LA FILLE QU'ON APPELLE (T. Viel) - Fiche de lecture

    • Écrit par Norbert CZARNY
    • 1 244 mots
    • 1 média

    La plupart des romans de Tanguy Viel mettent en présence des personnages qu’opposent l’âge et le statut social. C’était déjà le cas d’Insoupçonnable (2006), de Paris-Brest (2009) et de La Fille qu’on appelle (Minuit, 2021), qui fait écho à Article 353 du code pénal(2017), son précédent...

Voir aussi