SYDNEY (JEUX OLYMPIQUES DE) [2000] Contexte, organisation, bilan
Cinq villes soutiennent leur dossier de candidature en vue de l'organisation des Jeux d'été de l'an 2000 devant le C.I.O. réuni du 21 au 24 septembre 1993 à Monaco pour sa cent unième session : Berlin (Allemagne), qui se présente comme la vitrine de la réconciliation Est-Ouest ; Istanbul (Turquie), carrefour entre l'Orient et l'Occident ; Manchester (Grande-Bretagne), cité industrielle en pleine rénovation ; Pékin (Chine), qui souhaite matérialiser avec les Jeux l'ouverture nouvelle du pays le plus peuplé de la planète au reste du monde ; Sydney (Australie), qui propose d'organiser les premiers Jeux « écologiques ». En fait, Pékin est la grande favorite : dans son entreprise de modernisation du mouvement olympique, Juan Antonio Samaranch, président du C.I.O., a déjà obtenu que les Jeux d'été de 1996 soient confiés à Atlanta, symbole d'un monde régenté par l'économie de marché, plutôt qu'à Athènes, faisant fi de la célébration du centenaire des Jeux ; désormais, il souhaite ancrer encore plus l'olympisme dans la réalité du monde en offrant les Jeux à la gigantesque Chine qui a entrepris sa mutation. Confier à l'Empire du Milieu les Jeux de l'an 2000, présentés comme les premiers du IIIe millénaire alors qu'ils sont les derniers du xxe siècle, constituerait pour le « marquis » le symbole fort de la complète réunion du mouvement olympique, et ce choix matérialiserait le fait que la Chine a définitivement tourné le dos à Mao Zedong.
Mais, dans les semaines qui précèdent le scrutin, la solution pékinoise n'apparaît plus totalement comme une évidence : en effet, le concept de « Jeux verts » proposé par Sydney, soutenu par l'organisation écologiste Greenpeace International, semble séduire un nombre grandissant de personnes sur une planète où la défense de l'environnement commence à prendre de l'importance pour chacun. Le 23 septembre, comme prévu, Istanbul, Berlin et Manchester se voient successivement éliminées. Au cinquième tour de scrutin, Sydney recueille quarante-cinq voix, alors que Pékin ne réunit que quarante-trois suffrages : les Jeux de l'an 2000 se tiendront donc en Australie. Dans son discours, le président Samaranch regrette à mots voilés le rendez-vous manqué avec la Chine. Les atteintes aux droits de l'homme en Chine ont sans doute pesé dans ce résultat, mais peut-être moins que les « brillantes » prestations des athlètes chinoises, entachées de forts soupçons de dopage, lors des épreuves de demi-fond des Championnats du monde d'athlétisme qui avaient eu lieu en août 1993 à Stuttgart, quelques semaines avant cette session.
Une fois la victoire acquise, il convient de se mettre vite au travail et de matérialiser le concept de « Jeux verts ». Le comité d'organisation (Sydney Une fois la victoire acquise, il convient de se mettre vite au travail et de matérialiser le concept de « Jeux verts ». Le comité d'organisation (Sydney Organizing Committee for the Olympic Games, S.O.C.O.G.) se structure dès novembre 1993, Michael Knight en assurant la présidence. Le cœur du projet est la réhabilitation du site d'Homebush Bay. Situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, dans l'ouest de la métropole, Homebush Bay fut le siège de nombreuses sociétés de l'industrie chimique, d'un complexe d'entreposage de produits pétroliers, d'une raffinerie d'huile, d'un dépôt d'essence, etc. Cet endroit fut même utilisé comme lieu de déversement de polluants industriels. C'est ici, sur les 660 hectares de cette zone qui n'est plus qu'un gigantesque terrain vague réunissant friches industrielles et urbaines, parsemé de multiples décharges, qu'est implanté le Sydney Olympic Park, véritable cœur des Jeux, où sont construits la moitié des infrastructures sportives et le village olympique de Newington : la réhabilitation du site d'Homebush Bay constitue l'un des plus vastes chantiers de requalification urbaine du monde.
Mais, avant d'entamer les travaux, il faut décontaminer le site : plus de 20 millions de dollars australiens sont consacrés à cette dépollution. En outre, les écologistes sont consultés : on souhaite préserver les espèces végétales et animales, dont vingt-neuf espèces d'oiseaux échassiers, qui ont colonisé cette ancienne zone marécageuse, et que le Bicentennial Park implanté en 1980 conserve son originalité (forêt d'eucalyptus, mangrove du fleuve Parramatta). Le stade olympique (cent quinze mille places), édifié pour 710 millions de dollars australiens, est inauguré en mars 1999 : il est le théâtre des cérémonies d'ouverture et de clôture, et accueille les compétitions d'athlétisme ainsi que la finale du tournoi de football. Le Sydney International Aquatic Centre, construit en 1994, voit sa capacité portée de quatre mille à douze mille places pour les Jeux : les nageurs multiplient les exploits dans cette enceinte où est installé un dispositif de récupération de chaleur pour chauffer l'eau des bassins. Le Sydney SuperDome, un magnifique édifice translucide de vingt et un mille places édifié pour 197 millions de dollars australiens, accueille les compétitions de gymnastique, de trampoline et les principaux matchs de basket-ball. L'architecte Ken Woolley construit, pour 388 millions de dollars australiens, l'un des joyaux de ce Sydney Olympic Park : le Dome and Exhibition Complex. Son dôme (97 mètres de diamètre) de 42 mètres de hauteur coiffe plusieurs halls d'exposition ; d'une surface de 7 200 mètres carrés, il s'agit du plus grand édifice à coupole de l'hémisphère Sud. Ce bâtiment multisalles est le théâtre de plusieurs compétitions : les matchs préliminaires de basket-ball et quelques rencontres de handball ont lieu sous le dôme (vingt-huit mille places) ; trois autres pavillons de six mille places chacun accueillent les compétitions de badminton, de gymnastique rythmique, de volley-ball et des matchs de handball. Ken Woolley édifie également le Sydney Olympic Park Hockey Centre (huit mille places), qui revient à 15 millions de dollars australiens, où se disputent les matchs de hockey sur gazon, un sport devenu très apprécié en Australie, ainsi qu'un magnifique stade de base-ball (vingt et un mille places), qui coûte 11 millions de dollars australiens et accueille, outre le base-ball, plusieurs épreuves de pentathlon moderne.
Sur 7 hectares, l'architecte Lawrence Nield, conseillé par l'ancien champion John Newcombe, édifie l'Olympic Tennis Center, qui revient à 42 millions de dollars australiens : c'est là que se mesurent les tennismen et les tenniswomen, sur le court central (onze mille places) ou sur l'un des neuf courts annexes. Bâti en 1984, le State Sports Centre (trois mille huit cents places) est rénové et accueille les épreuves de tennis de table et de taekwondo. Les compétitions de tir à l'arc ont lieu dans le Sydney International Archery Park, un joli stand d'une capacité de quatre mille cinq cents places entouré par la mangrove.
Par ailleurs, plusieurs enceintes sportives sont implantées à Sydney même, mais hors du périmètre du Sydney Olympic Park. Dans la banlieue ouest de la ville, le vélodrome Dunc-Gray, du nom du premier cycliste australien champion olympique en 1932, constitue une magnifique réussite : ce bâtiment de six mille places est conçu pour que la lumière du jour pénètre à l'intérieur et de manière à assurer une ventilation naturelle permanente ; Ron Webb, grand spécialiste en la matière, dessine une piste en bois de pin très rapide ; l'ensemble revient à 42 millions de dollars australiens. C'est aussi dans la banlieue ouest, à Cecil Park, que sont construits les stands destinés au tir sportif : ces installations coûtent 30 millions de dollars australiens ; sept mille cinq cents spectateurs peuvent assister aux compétitions. Non loin du front de mer, dans le quartier de Darling Harbourg, est édifié le Sydney Convention and Exhibition Centre, bâtiment multisalles – la capacité de chacune variant de cinq mille à neuf mille places –, où sont concentrées les compétitions de judo, de boxe, de lutte, d'haltérophilie et d'escrime ; l'ensemble revient à 17 millions de dollars australiens. Pour l'équitation, un centre équestre (40 millions de dollars australiens) est implanté sur le site d'Horsley Park : cinquante mille personnes peuvent assister aux épreuves. Le tournoi de beach-volley se déroule sur la célèbre plage de Bondi. Situé à 44 kilomètres à l'est de Sydney, le magnifique site de Penrith Lakes est choisi pour les épreuves d'aviron et de canoë-kayak : un splendide bassin de 2 300 mètres de longueur est aménagé de façon que trente mille spectateurs puissent suivre les courses en ligne ; cet ensemble revient à 36 millions de dollars australiens. À l'origine, les organisateurs souhaitaient que les épreuves en eaux vives soient supprimées du programme : ils se sont ravisés et dessinent à Penrith Lakes une rivière artificielle en fer à cheval de 300 mètres, le long de laquelle cinq mille spectateurs peuvent prendre place ; l'ensemble coûte 6,7 millions de dollars australiens. Les eaux de Rushcutters Bay, en baie de Sydney, fournissent un cadre magnifique pour la voile.
Le financement du village olympique de Newington (470 millions de dollars australiens) est assuré par le gouvernement fédéral : en effet, ce village deviendra après les Jeux une banlieue résidentielle. Sur 94 hectares, six cent cinquante habitations permanentes et cinq cents habitations transformables sont construites. Pour alimenter les lieux en électricité, on a recours aux panneaux solaires.
Le rapport officiel du S.O.C.O.G. indique que les dépenses pour les Jeux se montent à 2,015 milliards de dollars australiens. Avec les variations des taux de change sur la période (1993-2000), il est difficile de convertir avec exactitude ce chiffre en dollars américains ou en euros. En prenant une moyenne, il correspond à 1,5 milliard de dollars américains (1,3 milliard d'euros). Les recettes s'élèvent à 2,387 milliards de dollars australiens, soit 1,79 milliard de dollars américains (1,52 milliard d'euros). Le S.O.C.O.G. affiche donc un léger bénéfice. Tous ces chiffres doivent être pris avec prudence, car un audit indépendant effectué en 2002 indique que le coût des Jeux se monterait à 6,1 milliards de dollars australiens, dont plus de 2 milliards pris en charge par les finances publiques. Toujours est-il que, dans la colonne des recettes, le marketing olympique et les droits de retransmission télévisée assurent une bonne part du financement. Ainsi, les droits de retransmission télévisée sont en très forte hausse : ils se situent à 1,331 milliard de dollars américains (898,3 millions de dollars à Atlanta), dont 797 millions de dollars entrant directement dans les caisses du S.O.C.O.G. La chaîne américaine N.B.C. verse 705 millions de dollars américains (456 millions en 1996), l'Eurovision s'acquitte de 350 millions de dollars américains (247,5 millions en 1996). La Sydney Olympic Broadcasting Organisation (S.O.B.O.), le consortium chargé de filmer les Jeux, propose plus de 3 500 heures de programmes à destination de deux cent vingt pays et territoires ; les heures d'audience totales sont évaluées à 31,6 milliards (trois milliards sept cents millions de téléspectateurs suivent les compétitions). Plus de seize mille journalistes couvrent les Jeux (dont plus de dix mille pour les télévisions) ; ils ont à leur disposition un gigantesque centre de presse de 70 000 mètres carrés, très fonctionnel. Le programme de sponsoring porte ses fruits : pour un marché quinze fois plus petit qu'en 1996 à Atlanta, il génère 492 millions de dollars américains (426 millions en 1996). Le succès populaire est au rendez-vous : six millions sept cent mille spectateurs assistent aux compétitions, laissant une recette de 551 millions de dollars américains (88 p. 100 des billets d'entrée sont vendus, ce qui est un record).
La sécurité constitue comme toujours un problème important. Néanmoins, celui-ci se pose avec une acuité moindre qu'en 1996 à Atlanta : en effet, l'Australie semble moins exposée au risque terroriste que les États-Unis, et sa condition insulaire rend plus difficiles les entrées illégales sur son territoire. Cependant, cette question est prise très au sérieux : Peter Ryan, chef de la police de la Nouvelle-Galles-du-Sud, coordonne les opérations de l'Olympic Security Command Centre (O.S.C.C.) ; les services de sécurité australiens collaborent dès 1997 avec le F.B.I. ; 170 millions de dollars australiens sont consacrés à la sécurité des Jeux.
Comme en 1996, tous les pays du monde ou presque répondent présent au rendez-vous : cent quatre-vingt-dix-neuf délégations – dont celles des Corées du Nord et du Sud défilant conjointement et quatre représentants de Timor-Oriental réunis derrière le drapeau aux cinq anneaux – envoient le message de paix de l'olympisme. Deux nouveaux sports, le taekwondo et le triathlon, intègrent les Jeux, alors que le trampoline s'ajoute au programme de la gymnastique. Par ailleurs, l'haltérophilie, le water-polo, le pentathlon moderne, le saut à la perche et le lancer du marteau s'ouvrent aux femmes. Le nombre d'épreuves augmente assez nettement : on en compte trois cents (contre deux cent soixante et onze à Atlanta). Mécaniquement, la participation croît : dix mille six cent cinquante et un sportifs et sportives prennent part aux compétitions (ils étaient dix mille trois cent dix-huit en 1996). Surtout, on note une très nette augmentation de la présence féminine : on compte quatre mille soixante-neuf femmes, qui participent à cent dix-huit épreuves (elles étaient trois mille cinq cent douze en 1996) ; seulement trois des vingt-huit sports ne proposent pas d'épreuves féminines (la lutte, la boxe et le base-ball).
À Sydney, les joutes les plus spectaculaires sont aquatiques (quinze records du monde battus en natation) : le Sydney International Aquatic Centre voit de multiples exploits. Ainsi, le Néerlandais Pieter Van den Hoogenband remporte les 100 et 200 mètres et ajoute deux médailles de bronze, sa compatriote Inge De Bruijn s'adjuge trois médailles d'or et une médaille d'argent ; l'Australien Ian Thorpe obtient trois médailles d'or et deux médailles d'argent, l'Américain Lenny Krayzelburg remporte trois médailles d'or, sa compatriote Jenny Thompson trois médailles d'or et une médaille de bronze. Les compétitions d'athlétisme sont plus ternes (aucun record du monde amélioré). L'Américaine Marion Jones remporte certes cinq médailles (dont trois en or), mais on ne s'extasie guère sur ses performances accompagnées de rumeurs de dopage. En revanche, tout le monde – même ses concurrents – félicite le Tchèque Jan Zelezny, vainqueur pour la troisième fois consécutivement du concours de lancer du javelot ; le succès de l'Allemande Heike Drechsler (trente-cinq ans) dans le concours de saut en longueur est hautement symbolique (elle fut championne du monde en 1983 sous les couleurs de la R.D.A., puis championne olympique en 1992 sous la bannière de l'Allemagne fraîchement réunifiée). Quant au marcheur polonais Robert Korzeniowski, il restera sans doute un champion méconnu : pourtant, en remportant les 20 et 50 kilomètres, il réalise sans doute le plus grand exploit athlétique de ces Jeux. La Néerlandaise Leontien Van Moorsel gagne trois médailles d'or et une médaille d'argent dans les compétitions cyclistes. Si le gymnaste russe Alexeï Nemov obtient six médailles (dont deux en or), deux hommes prennent réellement place dans le panthéon olympique : le rameur britannique Steven Redgrave, qui s'adjuge une cinquième médaille d'or en cinq éditions successives des Jeux ; le judoka français David Douillet, champion olympique dans la catégorie des poids lourds pour la seconde fois.
Comme en 1996, les États-Unis occupent la première place du bilan des nations : avec trente-huit médailles d'or, vingt-quatre médailles d'argent et trente-deux médailles de bronze, soit quatre-vingt-quatorze médailles au total, ils marquent néanmoins un léger recul (quarante-quatre médailles d'or et cent une médailles au total à Atlanta). La domination américaine sur l'athlétisme s'amoindrit : les Américains s'adjugent sept médailles d'or et seize médailles au total [les médailles obtenues par les athlètes qui seront reconnus plus tard coupables de dopage et déclassés sont écartées de ce bilan], contre treize médailles d'or et vingt-trois médailles au total en 1996. En revanche, malgré la concurrence australienne, ils continuent de régner sur la natation : s'adjugeant quatorze médailles d'or et trente-trois médailles au total, ils font même mieux qu'en 1996 (treize médailles d'or et trente médailles au total). Deuxième en 1996, la Russie conserve son rang, mais améliore très nettement son bilan : talonnant les États-Unis, la Russie repart de Sydney avec trente-deux médailles d'or, vingt-huit médailles d'argent et vingt-neuf médailles de bronze, soit quatre-vingt-neuf médailles au total (vingt-six médailles d'or et soixante-trois médailles au total en 1996). Les Russes dominent très nettement les compétitions de gymnastique (neuf médailles d'or et vingt médailles au total), se distinguent en lutte (neuf médailles, dont six en or), en escrime (trois médailles d'or et une médaille de bronze) et présentent un bilan honorable en athlétisme (treize médailles, dont trois en or). La Chine, qui n'est pas parvenue à obtenir les Jeux, se console : elle s'affirme comme une puissance sportive majeure. Quatrième en 1992 et en 1996, elle ne gagne certes qu'un rang, mais elle améliore très nettement son bilan pour ce qui est du nombre de titres olympiques (elle en obtient vingt-huit, contre seize en 1996) ; elle s'adjuge en outre seize médailles d'argent et quatorze médailles de bronze, ce qui fait cinquante-huit médailles au total (cinquante en 1996). La Chine remporte les quatre épreuves de tennis de table et ajoute trois médailles d'argent et une médaille de bronze, domine les compétitions de badminton (huit médailles, dont quatre en or, pour cinq épreuves), de plongeon (dix médailles, dont cinq en or) et s'adjuge quatre des sept médailles d'or distribuées dans les épreuves féminines d'haltérophilie. À domicile, l'Australie se hisse à la quatrième place (elle était septième en 1996), avec seize médailles d'or, vingt-cinq médailles d'argent et dix-sept médailles de bronze, soit cinquante-huit médailles au total. Néanmoins, son équipe de natation, qui prétendait défier les États-Unis, réalise des performances en demi-teinte : cinq médailles d'or et dix-huit médailles au total. En 1996, l'Allemagne avait marqué un net recul par rapport à 1992, mais elle était parvenue à conserver la troisième place du bilan. Ce recul se confirme et s'accentue : avec treize médailles d'or (vingt à Atlanta), dix-sept médailles d'argent et vingt-six médailles de bronze, soit cinquante-six médailles au total (soixante-cinq à Atlanta), elle chute à la cinquième place. Le canoë-kayak (huit médailles, dont quatre en or) et le cyclisme (dix médailles, dont trois en or) lui valent ses rares satisfactions. Cinquième à Atlanta, la France recule d'un rang, sans pour autant décevoir : la délégation tricolore obtient treize médailles d'or, quatorze médailles d'argent et onze médailles de bronze, soit trente-huit médailles au total (quinze médailles d'or et trente-sept médailles au total en 1996). Le cyclisme sur piste (six médailles, dont quatre en or), avec deux champions d'exception, Florian Rousseau et Félicia Ballanger, vaut de belles satisfactions, et les escrimeurs (six médailles, dont une en or) confirment la qualité de l'école française ; par ailleurs, si David Douillet réalise sans doute l'un des exploits majeurs de ces Jeux, toute l'équipe de judo est à féliciter (six médailles, dont deux en or) ; enfin, le tonique Brahim Asloum donne à la France sa première médaille d'or en boxe depuis 1936. On doit néanmoins souligner un couac de taille : l'échec complet des Français en athlétisme. Quatre-vingts pays obtiennent une médaille au moins, cinquante et un s'adjugeant une médaille d'or au moins.
Des Jeux d'Atlanta (1996) marqués par la primauté de l'économie de marché sur les valeurs sportives, une organisation totalement défaillante et un chauvinisme américain exacerbé ; une affaire de corruption (1998-1999) liée à l'attribution des Jeux d'hiver de 2002 à Salt Lake City qui éclabousse le C.I.O. : le mouvement olympique avait un besoin urgent de trouver un nouveau souffle. Sydney semble le lieu de sa renaissance, car, sur bien des points, ces jeux Olympiques de l'an 2000 constituent une magnifique réussite. Le public répond présent au rendez-vous (l'affluence sur les sites représente plus du tiers de la population de l'île-continent) et se passionne pour les compétitions en manifestant sans retenue son enthousiasme, surtout lorsque les Australiens s'imposent, mais sans aucun accent de chauvinisme : cela n'est guère étonnant quand on sait que l'Australie est le pays qui compte le plus grand nombre de sportifs en proportion de sa population. La sécurité s'avère discrète et efficace, une ambiance joyeuse règne durant cette quinzaine dans le village olympique comme dans toute la ville. Juan Antonio Samaranch, qui abandonnera la présidence du C.I.O. en 2001, connaît la satisfaction de se retirer sur cette réussite ; alors qu'il ne l'avait pas fait à Atlanta, il prononce cette fois la formule rituelle lors de son discours de clôture : « Les meilleurs Jeux de tous les temps. » La volonté de lutter contre le dopage est clairement affichée : le serment olympique est modifié par l'ajout de la formule « en nous engageant pour un sport sans dopage et sans drogues » ; des prélèvements sanguins sont effectués pour traquer l'EPO, plus de cinquante scientifiques sont recrutés pour la durée des Jeux par l'Australian Government Analytical Laboratories, ce qui permet d'analyser plus de deux mille échantillons prélevés lors des contrôles. Néanmoins, le successeur de Juan Antonio Samaranch devra faire de ce dossier l'une des priorités de son mandat. Il devra aussi s'attaquer au problème du gigantisme des Jeux : à Sydney, cette question ne s'est pas posée avec une grande acuité, en raison du parfait agencement des sites et de la grande compétence des quelque quarante-six mille volontaires chargés de l'ordonnancement de l'événement. Pour autant, est-il raisonnable d'inscrire trois cents épreuves au programme des Jeux d'été ?
Bibliographie
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G. Ejnès dir., Les Jeux Olympiques, d’Athènes à Athènes, ouvrage collectif, L’Équipe, Issy-les-Moulineaux, 2003
P. Lagrue, Le Siècle olympique. Les Jeux et l’histoire (Athènes, 1896-Londres, 2012), Encyclopædia Universalis, Paris, 2012
R. Parienté& G. Lagorce, La Fabuleuse Histoire des jeux Olympiques, rééd. Minerva, Genève, 2004.
G. Rebière, Jeux Olympiques 2000 : les géants de Sydney, Calmann-Lévy, Paris, 2000.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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