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SOUTERRAIN, archéologie

Le terme général de « souterrain » désignant tout lieu situé sous la surface du sol, la définition archéologique ne retiendra que les espaces ayant reçu un aménagement artificiel.

Les galeries et salles souterraines peuvent, très schématiquement, recevoir un classement d'ordre technique en fonction de leur traitement et de leur aspect final ; ce classement se réduit à deux catégories :

le souterrain est creusé dans la roche et celle-ci suffit à la stabilité, elle demeure donc apparente partout ;

le souterrain est creusé dans une roche ou dans un sol friables et il reçoit alors partiellement ou complètement un revêtement et une voûte.

Dans la première catégorie, on trouve dès les époques préhistoriques des aménagements de grottes naturelles destinées à l'habitation et c'est ce même rôle que l'on va retrouver tout au long des siècles, dans les régions où le sous-sol rocheux tendre sera érodé en falaises le long des cours d'eau. Les habitations troglodytiques sont fort nombreuses en France. Les plus anciennes de ces demeures sont entièrement excavées, la façade étant constituée d'une paroi ménagée dans la roche naturelle, percée de baies pour l'accès et l'éclairage. Parfois ces habitations devinrent semi-troglodytiques en recevant une façade de maçonnerie plaquée contre l'ouverture rocheuse.

L'usage sacré ou rituel de ce type de réalisations souterraines a été très répandu, et dans de nombreuses régions on trouve des parois rocheuses percées d'une multitude de tombes de dimensions et d'aspect très divers. Les réalisations les plus spectaculaires se rencontrent dans la ville nabatéenne de Petra, en Jordanie, installée dans un cirque naturel et dans les gorges l'avoisinant, et dont l'épanouissement se situe entre le ~ iiie siècle et le iiie siècle. Un très grand nombre de tombes et plusieurs sanctuaires ont été creusés dans les falaises entourant la ville ; la plupart ayant reçu une architecture de façade d'une grande richesse monumentale mais toujours totalement sculptée dans la roche.

On peut citer encore d'autres régions possédant des tombes rupestres du même type, notamment le sud-ouest de l'Asie Mineure et particulièrement la Lycie et la Carie. Mais les tombes ne constituent pas le seul programme d'architecture souterraine à caractère sacré, et l'on trouve au centre de l'Anatolie, dans la Cappadoce, de nombreux exemples d'architecture religieuse, creusés dans la roche entre le viiie et le xie siècle par des communautés chrétiennes. C'est autour des villes actuelles d'Urgüp et de Göreme que le phénomène d'érosion du tuf volcanique a provoqué la formation de multiples cônes et falaises dans lesquels ont été aménagés les sanctuaires et les habitations d'époque byzantine. À l'inverse des tombeaux antiques, ces réalisations n'ont reçu qu'une façade très sommaire ; en revanche, le décor intérieur, généralement peint, est très abondant.

Sans avoir fourni des réalisations architecturales comparables, les catacombes constituent les nécropoles souterraines les plus vastes du monde antique. Leurs réseaux s'étendent, essentiellement dans le sous-sol de Rome, de Naples et de Syracuse, en ramifications multiples simplement creusées dans les roches tendres sans recevoir ni parements ni voûtes.

Dans la première catégorie entrent également les galeries et salles baptisées souterrains-refuges. Leur rôle d'abri temporaire durant les périodes de troubles est, en dépit d'une systématisation excessive du terme, très souvent attesté, surtout dans le centre de la France où des détails spécifiques permettent de les définir (entrées masquées, orifices de surveillance, salles d'habitation, galeries en chicanes). Les plus anciens de ces souterrains connus datent du Hallstatt final (~ [...]

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Écrit par

  • : responsable du bureau de Paris à l'Institut de recherche sur l'architecture antique

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre ADAM. SOUTERRAIN, archéologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )