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SECOURS ROUGE INTERNATIONAL

C'est le 29 décembre 1922 que la Société des vieux bolcheviks, lors d'une de ses sessions, lance l'idée d'une association russe « d'aide et de solidarité internationale aux combattants de la Révolution » ; celle-ci reçoit le nom de Secours rouge. Très vite, l'idée est reprise par l'Internationale communiste et le Secours rouge s'adjoint de nombreuses sections nationales. Lors de sa première conférence, le Secours rouge définit ses buts : « La conférence souligne particulièrement la signification politique du S.R.I. comme un des leviers les plus importants du front unique pour attirer les larges masses des travailleurs et des paysans sans distinction de parti à la solidarité avec les combattants révolutionnaires emprisonnés. » L'organisation se veut donc la plus large possible mais se dote d'une structure très centralisée : le congrès des associations nationales membres, réuni au moins tous les deux ans, élit un comité exécutif siégeant deux fois par an ; ce dernier choisit en son sein un présidium de neuf membres. D'abord fondé par les organisations communistes ou de tendance communiste, le mouvement tente de s'élargir non sans succès par le moyen d'adhésions individuelles et grâce à la caution d'intellectuels de renom. Il axe son travail en direction des femmes et des jeunes, des paysans et des chômeurs. De Moscou le présidium et le comité exécutif envoient conseils et directives aux sections nationales, précisant le sens de l'agitation (propagande en faveur des victimes de la répression bourgeoise), la nature de l'information qu'il convient de faire circuler ; en outre, ils précisent les modalités pratiques qu'il est possible de mettre en œuvre. Hormis sa participation aux grandes campagnes des années 1920-1930 (occupation de la Ruhr, affaire Sacco et Vanzetti par exemple), le Secours rouge a, dès 1924, lancé l'idée d'une journée d'action internationale, le 18 mars (anniversaire de la Commune de Paris), qu'il double en 1931 par celle du 12 décembre (anniversaire de la Commune de Canton), plus axée sur la solidarité avec les peuples colonisés. Autres initiatives : celle des patroni, associations de travailleurs italiens à l'étranger, qu'il généralise dans toutes ses sections ; celle de la Campagne d'hiver reprise au Secours rouge allemand, qui organise des secours matériels et moraux aux travailleurs pendant les mois d'hiver ; celle du parrainage, qui consiste à donner à tout prisonnier politique un parrain chargé de lui apporter un secours moral, matériel et juridique. À partir de 1929, le Secours rouge international, devant la montée des fascismes, se lance dans la lutte contre la guerre et accentue ses activités antimilitaristes. Mais la tactique de l'Internationale communiste (dite de la troisième période) a changé ses perspectives unitaires initiales en dénonciation du « social-fascisme ». En réponse au Secours rouge, l'Internationale socialiste a créé un fonds de solidarité, dit Fonds Matteotti ; la rivalité des deux tendances principales du mouvement ouvrier ne peut qu'affaiblir une organisation telle que le S.R.I. Celui-ci cependant, lors de son congrès de 1932, déclare onze millions d'adhérents et soixante-dix sections nationales ; mais trente-huit de celles-ci représentent des pays colonisés, trait caractéristique des organisations communistes internationales de ces années. La reprise de la tactique unitaire par les dirigeants de Moscou, laquelle conduit aux fronts populaires, et surtout l'affaiblissement du sentiment de solidarité au sein de l'Internationale entraînent peu à peu la mise en sommeil du Secours rouge international.

En 1970, après les événements de mai 1968, divers groupes d'extrême gauche tentent de lancer un Secours rouge français, voulant[...]

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Paul CLAUDEL. SECOURS ROUGE INTERNATIONAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )