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FAIK SAIT (1906-1954)

L'écrivain turc Sait Faik commence par composer des poèmes, tout en retravaillant des historiettes ébauchées au lycée ; c'est seulement en 1934 que paraît sa première nouvelle et en 1936 son premier recueil de dix-sept nouvelles : Le Samovar (Semaver), œuvre de maturité qui le fait aussitôt reconnaître comme un écrivain de talent. Dès lors, il n'interrompra les nouvelles, en 1944, que le temps d'écrire un roman, qui ne paraîtra qu'en 1952 sous le titre Des gens (Bir Takīm Insanlar). Sait Faik, profondément impressionnable et humain, prend presque toujours des thèmes inspirés par des souvenirs personnels : son enfance, son séjour à Grenoble, La Citerne (Sarniç, 1939), et ses promenades dans Istanbul, Le Pied de la fontaine (Havuz Bašī, 1952). Observateur aigu, il possédait une curiosité inlassable des gens, et il se promenait des journées entières pour « voir » la foule et chercher matière pour son œuvre. Son regard est d'une infinie tendresse, rempli d'indulgence et de compréhension à l'égard des enfants des rues, des petites gens d'Istanbul, de ses amis les pêcheurs de Burgaz. Écrivain né, il explique aussi combien l'acte d'écrire est chez lui un besoin vital (Un point sur la carte, Haritada bir Nokta, 1952). Mais, doté d'une sensibilité à fleur de peau, Sait Faik connut des périodes dépressives dont témoignent des œuvres d'introspection : L'Homme inutile (Lüzumsuz Adam, 1948) et Les Derniers Oiseaux (Son Kušlar, 1952). Il part en quête du moi, il recherche la solitude et la nature qu'il a su merveilleusement dépeindre. Dans ses dernières œuvres, notamment Peu sucré (Az Šekerli, 1954), où le « je » domine, il semble éprouver un sentiment d'impuissance et avoir perdu confiance. Il néglige de plus en plus sa santé et meurt d'une cirrhose.

Sait Faik est un des meilleurs nouvellistes de la littérature turque non seulement par les thèmes attachants qu'il développe, mais aussi par la concision, la simplicité de son style, une écriture passionnée et captivante. Il apporte à la nouvelle turque d'évidentes qualités de limpidité, de sobriété et de rigueur. Sait Faik occupe, en outre, une place particulière en tant qu'auteur d'une littérature qu'on peut appeler « citadine » par opposition à toute une génération de prosateurs turcs préoccupés plutôt par les problèmes anatoliens.

— Gayé PETEK-SALOM

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Gayé PETEK-SALOM. FAIK SAIT (1906-1954) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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