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RUBĀ‘IYYĀT, Umar Khayyam Fiche de lecture

De son temps, c'est à son œuvre de savant que le persan ‘Umar Khayyām (1047 env.-1122 env.) doit son renom, et c'est comme tel qu'il fut d'abord connu en Europe. Ses contemporains eurent le plus grand respect pour le « successeur d'Avicenne », mais aucun ne mentionne ses Rubā‘iyyāt (ou « quatrains »), dont la tradition ne lui fut attribuée que postérieurement. En tant que mathématicien et astronome, Khayyām fut au service du Qarākhānide de Bukhārā Nasr Ier (1068-1080), du Seldjoukide Malik-Shāh Ier (1072-1092) puis, après une période de défaveur, de Sandjar, qui régna jusqu'en 1157 et auprès duquel il connut des difficultés. Homme de peu d'écrits, Khayyām ne laissa que quelques traités scientifiques et philosophiques en arabe. Peut-être est-ce l'attitude d'un homme prudent face à l'intolérance religieuse de son époque. Il ne semble pas, en tout cas, avoir fait profession de poésie ; ses vers pourraient n'avoir été connus que de quelques intimes qui les auraient notés ou se les seraient transmis oralement, d'où certaines variantes, ou avoir été trouvés dans ses papiers après sa mort et être restés non publiés pour ces mêmes raisons de prudence.

Un problème d'attribution

L'énorme quantité des « quatrains » qui ont été attribués à Khayyām pose donc un problème d'authenticité presque insoluble. Un siècle environ après sa mort, moins de dix de ces poèmes sont mentionnés dans divers ouvrages, et seuls deux d'entre eux lui sont nommément attribués par Nadjm al-Dīn Rāzī (1223). Ce n'est que vers le milieu du xive siècle qu'apparaissent les premières collections importantes de quatrains. Leur nombre connaît ensuite une croissance rapide, jusqu'à plusieurs centaines. Ils révèlent alors de telles contradictions et une telle diversité dans les idées exprimées, comme dans le vocabulaire et le style, qu'ils ne peuvent être la pensée ni l'œuvre d'un même homme. Certains de ces quatrains « errants » figurent dans les dīwāns (recueils de poèmes) d'autres auteurs, et il se peut aussi que des libres penseurs aient mis leurs propres vers sous le nom de Khayyām.

Aucune méthode ne s'est révélée absolument probante pour identifier les « quatrains » authentiques. Les meilleures bases sont encore les critères linguistiques, la pensée rationnelle de Khayyām, sa maîtrise de la construction. Cette situation tient aussi à la nature de cette forme poétique qu'on appelle, faute de mieux, quatrain. D'origine persane, le rubā‘i se compose de deux distiques ; les deux premiers vers, ou demi-distiques, riment entre eux et avec le quatrième (a a b a). La rime unique se rencontre plus souvent chez les poètes du xie siècle. C'est un poème concis, épigrammatique, dont le dernier vers ramène, en une pointe vive, au tableau exposé dans les deux premiers. La brièveté de ces pièces de circonstance favorise les interpolations.

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Écrit par

  • : chercheur, membre de l'U.M.R. Monde iranien du C.N.R.S., Paris

Classification

Pour citer cet article

Marina GAILLARD. RUBĀ‘IYYĀT, Umar Khayyam - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • KHAYYĀM ‘UMAR (1021 env.-env. 1122)

    • Écrit par Mohammad Hassan REZVANIAN
    • 1 677 mots
    ...recherches métaphysiques, ont provoqué chez lui de vifs sentiments de déception et d'amertume. Khayyām a exprimé ces sentiments dans de parfaits poèmes épigrammatiques appelés rubā‘iyyāt (singulier rubā‘i, qu'on pourrait traduire en français, faute de terme propre, par le mot « quatrain »).

Voir aussi