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PIC ROGER (1920-2001)

Le photographe et cinéaste Roger Pic, de son vrai nom Roger Pinard, est né le 15 septembre 1920 à Paris. Son père, artisan graveur, chanteur à ses heures l'emmène régulièrement au café-concert, au music-hall, au cinéma. Élève au lycée Turgot, l'adolescent adhère au mouvement des Auberges de la jeunesse. C'est à la faveur des multiples activités des A.J. qu'il s'implique dans le théâtre amateur, révélant des dons d'acteur, de décorateur et de metteur en scène. En 1939, Roger Pic installe dans le quartier de Montparnasse la troupe qu'il dirige pour donner des représentations en des lieux aussi divers que les auberges de jeunesse, les hôpitaux ou des feux de camps en plein air. Pendant la guerre, Pic trouve dans la compagnie du Regain l'emploi de régisseur qui lui permet d'éviter le service du travail obligatoire et devient en 1944 le secrétaire général de l'association du Centre dramatique national de Léon Chancerel.

C'est en 1945, après l'expérience difficile et brève de la création du Théâtre de la Ville et des Champs, que Roger Pic, déjà marié et père de famille, décide, sur sa seule expérience d'amateur, de devenir photographe de théâtre. Il innove en photographiant les spectacles pendant leur représentation, malgré la faible sensibilité des pellicules de l'époque. S'il déroute la presse généraliste habituée aux scènes reconstituées en studio, le style de Pic reçoit l'adhésion des revues spécialisées et lui vaut des collaborations fécondes : la compagnie Renaud-Barrault dès 1946, le Berliner Ensemble de Brecht, Samuel Beckett, Maurice Béjart en 1957, Marcel Marceau, l'Opéra de Paris en 1959, le T.N.P. de Georges Wilson en 1963. Cependant, Roger Pic réalise pour les éditions du Cercle d'art des campagnes de photographies dans les grands musées du monde.

Il commence sa carrière de reporter à la faveur d'un premier voyage en Chine, en 1960. Photojournaliste animé par la volonté de témoigner sur les événements qui marquent l'humanité, Pic s'attache aux grands sujets, qu'il suit sur le long terme. Neuf voyages à Cuba, entre 1961 et 1967, lui permettent d'entretenir une relation d'amitié avec Fidel Castro et de décrire l'essor social de la révolution, en enregistrant à l'occasion la matière de deux disques de musique populaire pour la collection Chants du monde. Refusant la collaboration avec les agences et la commande des magazines, Roger Pic aborde en 1963, toujours en indépendant, le reportage filmé. Ses reportages comportent dès lors une version photographique pour la presse et des séquences achetées par les télévisions. De nombreux „allers-retours“, comme Pic définit lui-même ses reportages, suivent la guerre du Vietnam, l'arrivée des Khmers rouges au Cambodge, le conflit israélo-palestinien. Les images paraissent dans Paris-Match, sur les écrans de „Cinq Colonnes à la une“, „De nos envoyés spéciaux“, „Point-contrepoint“, elles sont diffusées par les télévisions étrangères comme C.B.S., la B.B.C., la Z.D.F. ou N.H.K. Réfractaire à la pause, Pic continue, entre deux reportages d'actualité, de photographier le théâtre et l'opéra, faisant une part égale aux artistes et aux personnalités politiques. Il accumule portraits et interviews : Maria Callas (1964), le président algérien Ben Bella (1965), le président américain Nixon à Pékin (1972), le général vietnamien Giap (1973).

Solitaire dans son travail, Roger Pic participe à la défense des droits de ses confrères photographes, en militant au sein d'associations comme, depuis 1949, l'Association nationale des journalistes reporters de la presse et du cinéma ou plus tard à la Société civile des auteurs multimédias. Il crée pour la télévision plusieurs émissions ouvertes à ses confrères de l'actualité : „Au[...]

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Hervé LE GOFF. PIC ROGER (1920-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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