Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MOTTRAM RALPH HALE (1883-1971)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Norwich, sa ville natale, fut le véritable centre de la vie professionnelle et intellectuelle de l'écrivain anglais Mottram. Sa carrière obéit à une ambition méthodique et à un optimisme indéfectible qui le conduisirent de la banque Gurney aux hautes fonctions de Lord Mayor of the City of Norwich, en 1953, année du Couronnement, deuxième grande cérémonie nationale riche de significations pour celui qui avait assisté aux fêtes du jubilé de Victoria et qui s'est plu, dans ses livres, à confronter le victorianisme avec les temps nouveaux. Le titre d'Honorary Doctor of the University of East Anglia, en 1966, fut la consécration officielle d'une féconde activité littéraire qui débuta brillamment en 1924 avec The Spanish Farm, succès souligné par la vente de 100 000 exemplaires et honoré par le prix Hawthornden.

C'est The Spanish Farm Trilogy (1927), qui assura à Mottram une place éminente parmi les écrivains témoins de la Première Guerre mondiale, sur le même plan que Siegfried Sassoon, Edmund Blunden, Robert Graves, Frederic Manning et David Jones. La technique des « points de vue », inspirée par Henry James, confère à ce livre un relief étonnant, car le même événement est vu et commenté par un soldat anonyme, par l'officier anglais Skene (un peu l'alter ego de l'auteur ici et dans maints autres romans) et par Madeleine Vanderlynden, personnage à la fois fortement individualisé et incarnation de la paysanne de la Flandre française. John Galsworthy, dont Mottram fut le disciple, l'ami et le biographe, a rendu un juste hommage à l'étude de psychologie comparée que comporte cette trilogie, en déclarant, dans la préface, qu'il n'avait jamais rencontré si parfaite et profonde création d'un caractère français par un Anglais, sauf toutefois la Renée de Meredith, dans Beauchamp's Career. Écrivain prolifique mais toujours soucieux d'un travail probe, d'intrigues bien construites, d'observations décantées en un style efficace, un peu à la Stendhal, Mottram s'est taillé, dans les romans qui évoquent la banque quaker, où ses ancêtres et lui ont travaillé, et Easthampton, transposition de Norwich, une spécialité fort originale, celle de romancier régionaliste. Nul doute que si, un jour, on publie le Journal qu'il a scrupuleusement tenu, celui-ci, joint à l'œuvre romanesque, n'apparaisse comme un documentaire des plus précieux et des plus vivants.

— Louis BONNEROT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Louis BONNEROT. MOTTRAM RALPH HALE (1883-1971) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009