Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

POLYSYNODIE

Gouvernement aux multiples conseils, en France de 1715 à 1718. Louis XIV avait systématiquement écarté les nobles des grandes fonctions du gouvernement pour administrer le pays avec six ministres, dont le contrôleur général des Finances, généralement d'origine bourgeoise. Simples commis aux yeux du roi, ils semblaient les personnages les plus puissants de l'État. L'esprit critique de la haute noblesse s'était éveillé et, au terme de ce « long règne de la vile bourgeoisie », les nobles espéraient reprendre le pouvoir. Fénelon exprime ces sentiments dans son Télémaque. Le groupe de réformateurs, dont Saint-Simon, plaçait ses espoirs dans le duc de Bourgogne ; sa mort, en février 1712, anéantit leur projet. Le Régent connaît leur programme par l'intermédiaire de Saint-Simon et tente de l'appliquer. Une déclaration supprime le contrôle général des Finances et les secrétaireries d'État et les remplace par six, puis huit conseils : le conseil de Régence, sans pouvoir réel (le Régent, les deux princes légitimés...) ; le conseil de Conscience (cardinal de Noailles) ; le conseil du Dedans (duc d'Antin, fils de Mme de Montespan) ; le conseil des Affaires étrangères (maréchal d'Huxelles) ; le conseil de la Guerre (maréchal de Villars) ; le conseil de la Marine (comte de Toulouse, amiral de France) ; le conseil des Finances (duc de Noailles, neveu du Cardinal) et le conseil du Commerce (duc de La Force). Prudent, le Régent maintient dans les conseils d'anciens ministres et des magistrats et gens de robe qui accomplissent l'essentiel du travail. Chaque conseil comprend dix membres et élit son président. Les conseillers d'État et maîtres des requêtes assument le travail réel. Le conseil du Dedans crée la direction des Ponts et Chaussées, corps d'ingénieurs et d'inspecteurs, en 1716. Le conseil de Conscience, de tendance janséniste, doit être supprimé en 1718 en raison des tensions religieuses aggravées maladroitement. Le conseil des Finances évite la banqueroute par le recours aux méthodes de Colbert, mais provoque des conflits avec le parlement. Les conseils, dit d'Argenson, « dégénèrent en vraie pétaudière ». Le Discours sur la polysynodie de l'abbé de Saint-Pierre ne parvient pas à défendre ces conseils dont l'Espagne avait déjà souffert dès le xvie siècle. On les supprime en septembre 1718 pour rétablir les secrétariats d'État : Dubois, La Vrillière, Maurepas, Le Blanc. En 1722, le conseil du Commerce est supprimé à la suite du procès contre le duc de La Force pour spéculation et accaparement de denrées et il est remplacé par un bureau de Commerce formé de techniciens. Les conseils de Régence et de Marine (par respect pour le comte de Toulouse) durèrent jusqu'en 1723.

— Louis TRENARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Louis TRENARD. POLYSYNODIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi