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PIERRE DE SOLEIL, Octavio Paz Fiche de lecture

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Le langage libérateur

Le poète chemine « comme un aveugle », « entre des galeries de sons », « à tâtons par les corridors du temps ». Au milieu de reflets où il se dédouble, il se précipite hors de lui-même, foule son ombre, succombe au vertige. Dans ces circonstances, la rencontre amoureuse avec l'Autre est une (re)connaissance de soi. C'est aussi, dans la plus pure tradition surréaliste, un acte de subversion par rapport à un environnement social aliénant : « aimer est combattre, ouvrir des portes,/ cesser d'être un fantôme avec un matricule/ condamné à la chaîne perpétuelle/ par un maître sans visage... »

Brusquement, au milieu du poème, l'histoire fait irruption, sous la forme de ce qui est peut-être un souvenir personnel du poète : « Madrid, 1937 ». Les bombes pleuvent, les sirènes hurlent, les mères éplorées s'enfuient parmi les ruines. Comme s'il voulait échapper à ce temps de l'horreur, un couple se réfugie dans une chambre pour y faire l'amour. La rencontre érotique permet d'arrêter le temps et de lui redonner toute sa densité charnelle et prolifique. C'est aussi l'occasion d'échapper à toute une série de calamités, que Paz énumère avec une férocité digne de Goya, et de redonner au langage son double pouvoir créateur et libérateur : « tout se transfigure, tout est sacré,/ chaque chambre est le centre du monde,/ est la première nuit, le premier jour,/ le monde naît lorsqu'elle et lui s'embrassent... »

— Claude FELL

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Pour citer cet article

Claude FELL. PIERRE DE SOLEIL, Octavio Paz - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Octavio Paz - crédits : Fred R. Conrad/ New York Times Co./ Getty Images

Octavio Paz