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PENTAGONE

Construit sur décision prise dès 1941 par le président Roosevelt et achevé en 1943, le Pentagone est un bâtiment à cinq façades et cinq étages de 604 000 mètres carrés abritant, jusqu'en 1947, le ministère de la Guerre, avant que le National Security Act ne lui donne une nouvelle affectation, celle d'un ministère de la Défense coiffant les départements de l'Armée (correspondant à l'armée de terre), de la Marine (enrichie du corps des marines) et de l'Air (US Air Force).

Avec ses 28 kilomètres de couloirs et ses 30 000 fonctionnaires, le bâtiment, localisé à Arlington, sur la rive sud du Potomac, en face de Washington (D.C.), constitue à lui seul une petite ville composée d'innombrables bureaux, salles d'opérations et boutiques. Cœur de la machine de guerre américaine, le département de la Défense symbolisé par le Pentagone est considéré comme le plus important ensemble bureaucratique du système politique américain.

Il est aussi considéré comme une des composantes du complexe militaro-industriel dénoncé par le président Eisenhower dans son discours d'adieu à la nation du 17 janvier 1961. Phénomène unique au monde par ses dimensions, sa puissance, ses structures et sa place dans l'architecture du pouvoir aux États-Unis, le Pentagone est — avec les industriels de la défense et les institutions scientifiques — un des acteurs principaux de ces conflits corporatistes et de ces luttes d'influences dont l'objet premier a toujours été de garantir les intérêts de lobbies économiques et militaires. Ce phénomène, qui aboutit à la militarisation de l'économie américaine, atteint son apogée sous l'ère Reagan, au cours de laquelle 6,5 p. 100 du P.N.B. sont consacrés à la défense.

Après les troubles politiques consécutifs à la guerre du Vietnam et la mise en évidence des énormes gaspillages et dépassements des coûts prévisionnels (programmes aéronautiques F-111 et Galaxy), avec la tendance à faire de la stratégie opérationnelle à partir de programmations et simulations informatiques fortement éloignées du réel, le Pentagone subit progressivement une perte d'influence, même si le corporatisme des différentes armes eut raison de bien des réformes imaginées par certains secrétaires à la Défense.

Avec la fin de la guerre froide, la définition des nouvelles missions, le déficit de la balance des paiements, l'énorme dette fédérale et la priorité désormais accordée aux problèmes domestiques, les États-Unis furent dans l'obligation de réduire, à partir de 1986, le budget du département de la Défense, ce qui entraîna la fermeture de dizaines d'installations militaires dans le pays et outre-mer, la réduction des effectifs et des équipements militaires et la perte estimée de 2 millions d'emplois dans l'industrie de défense entre 1987 et 1996.

Dans le nouveau partage du pouvoir, le Congrès retrouve alors une position de puissance, et les réformes du Pentagone se négocient davantage entre le président et le Capitole. Alors que le Pentagone s'était approprié certaines prérogatives dans les années 1980, la fin de la guerre froide aboutit ainsi à un rééquilibrage au profit du Département d'État. Cette configuration est devenue caduque à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Depuis lors, on a assisté à un nouveau renforcement de l'influence du Pentagone dans le système politique américain.

— André DUMOULIN

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Écrit par

  • : attaché à l'École royale militaire, Bruxelles, chargé de cours à l'université de Liège

Classification

Pour citer cet article

André DUMOULIN. PENTAGONE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • WEINBERGER CASPAR WILLARD (1917-2006)

    • Écrit par Universalis
    • 176 mots

    Homme politique américain. Diplômé en droit de Harvard en 1941, Caspar Weinberger s'enrôle dans l'armée américaine et combat en Nouvelle-Guinée, terminant son service à l'état-major du général MacArthur. Élu en 1952 député républicain dans l'État de Californie, il y fait figure d'agent purificateur...

Voir aussi