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ALARCÓN PEDRO ANTONIO DE (1833-1891)

L'époque d'Alarcón est celle de la Restauration espagnole. Sa technique et son esprit constituent une transition entre la production romantique et les représentants les plus typiques du réalisme, tels Pereda et Pérez Galdos. Défenseur des idées libérales dans sa jeunesse, il se convertit au catholicisme traditionnel et au conservatisme après une crise de conscience, consécutive à un duel. Engagé volontairement dans la guerre d'Afrique, il publie en 1860 ses impressions de campagne : Journal d'un témoin de la guerre d'Afrique (Diario de un testigo de la guerra de África, 1881) ; après un voyage en Europe, il décrit les paysages et les œuvres d'art italiens dans De Madrid a Nápoles (1861). De retour en Espagne, il assume des responsabilités politiques et est élu député. En 1873, dans La Alpujarra, il raconte la rébellion des Morisques qui avait eu lieu de 1500 à 1501 dans cette région d'Andalousie. Dans une série de récits appartenant par leur ton à son œuvre de jeunesse, bien que publiés plus tardivement, Alarcón fait preuve de ses dons de narrateur ingénieux et divertissant : Historias nacionales (1881) riches d'épisodes de la guerre d'indépendance, les Contes d'amour (Cuentos amatorios), où prédominent le charme et la malice, et les Récits invraisemblables (Narraciones inverosímiles, 1882), d'inspiration fantastique. Mais son œuvre maîtresse est, sans conteste, Le Tricorne (El Sombrero de tres picos, 1874), dont Manuel de Falla a tiré son célèbre ballet. D'inspiration populaire, Alarcón reprend le thème d'un romance ancien dont il a su garder toute la saveur originelle : un vieux corregidor veut séduire une belle meunière, la señá Frasquita ; celle-ci défend son honneur ; mais le meunier, le tío Lucas, croyant que sa femme a succombé, se dirige chez la femme du corregidor pour lui rendre son affront ; lui non plus, il ne parvient pas à ses fins. Tout s'éclaircit et le vieillard est ridiculisé. L'ironie joyeuse du récit, la vivacité du dialogue, le charme de la description des personnages, le pittoresque de l'ambiance populaire justifient le succès du Tricorne. Un an après, Alarcón publie une série de romans à thèse, lourds de préoccupations moralisatrices et fort éloignés des inquiétudes révolutionnaires de sa jeunesse. Témoignage d'époque, ces œuvres souffrent d'une analyse psychologique primaire et d'un souci didactique qui écarte souvent l'auteur de la réalité. El Escándalo (1875), la plus célèbre des œuvres de cette période, expose le cas de conscience d'un libertin ; les situations mélodramatiques rappellent le romantisme, alors que le mode d'analyse des caractères annonce le réalisme. Dans L'Enfant à la boule (El Niño de la bola, 1880), l'auteur a voulu montrer la nécessité de la foi religieuse. Le Capitaine Veneno (El Capitán Veneno, 1881) et La Pródiga (1882) sont des œuvres mineures marquant la décadence créatrice d'Alarcón.

— Sylvie LÉGER

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Sylvie LÉGER. ALARCÓN PEDRO ANTONIO DE (1833-1891) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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