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OUM KALSOUM (1904-1975)

Pendant plus d'un demi-siècle, la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum fut l'objet d'un culte sans précédent dans le monde arabe. Par les extraordinaires qualités de sa voix et par le prodigieux effet de son chant sur la sensibilité arabe, elle a pris place au tout premier rang des phénomènes de l'art vocal.

L'Astre de l'Orient

Née d'un cheikh peu fortuné d'un village du delta du Nil, Tamaï Ezzahaïra, dans la moudirieh (province) de la Dakahlieh, et d'une mère que la voix populaire désignait comme une descendante du Prophète, elle reçut à sa naissance le nom d'une des filles de Mahomet, Oum Kalsoum (encore translittéré sous les formes Oum Kalthoum, Umm Kulthum...). De son véritable nom Fatima Ibrahim al-Sayyid al-Beltagui, elle serait née le 4 mai 1904 selon certaines sources, le 18 décembre 1898 selon d'autres, le 31 décembre 1904 d'après des sources officielles égyptiennes. Les années 1902 et 1906 ont aussi été avancées.

Sa vie ressemble à un conte. La petite fille fréquente un koutab (école coranique) dont le maître la terrifie et la contraint à effectuer de dures besognes domestiques. Son père, homme d'une piété rigoureuse, se rend très souvent, avec son fils Khaled, doué d'une belle voix, aux cérémonies religieuses publiques ou privées pour y psalmodier les versets du Coran. Un jour, la petite fille remplace inopinément son frère malade. L'auditoire voudra réentendre cette voix qui l'avait charmé. Ainsi naît une vocation. Oum Kalsoum quitte le koutab détesté et interprète des chants religieux, souvent habillée en garçon, car le cheikh, de mœurs austères, considère que le chant n'est pas un métier pour une jeune fille.

Pourtant, la réputation d'Oum Kalsoum s'étend. On l'invite à se produire partout dans la Dakahlieh et même au chef-lieu, Zagazig. Un des chanteurs les plus renommés du temps, le cheikh Abou El Ala Mohamed, l'entend, lui donne des leçons et convainc, non sans peine, le père de le laisser emmener la jeune fille au Caire. Ce sera l'ascension. Oum Kalsoum donne, avec un énorme succès, sa première soirée payante le 6 décembre 1922. Elle surpassera toutes ses rivales pour atteindre cette gloire sans partage qui la fait régner sur l'ensemble du monde arabe. Pachas opulents, riches commerçants, personnalités politiques et artistiques se disputent Oum Kalsoum pour donner à leurs fêtes un lustre suprême. Ses cachets deviennent fabuleux. Elle fait de nombreuses tournées à l'étranger. Elle donnera à Paris, en 1967, deux récitals pour 170 000 francs.

Oum Kalsoum - crédits : Bettmann/ Getty Images

Oum Kalsoum

On l'appelle l'Astre de l'Orient, la Dame, la Quatrième Pyramide, la Cantatrice du peuple ; ce dernier titre lui a été décerné par le président Sadate. Nasser, dont elle était la chanteuse préférée, l'avait exonérée d'impôt à vie. Au Caire, on disait alors : « L'Égypte, c'est Nasser, Oum Kalsoum et les pyramides. » Le premier jeudi de chaque mois, à 22 heures, toute vie s'apaisait dans le monde arabe : Oum Kalsoum chantait sur les ondes de Radio-Le Caire. Quand, en 1967, la chanteuse se retire de la scène, elle a 400 chansons à son répertoire, pour la plupart enregistrées. Elle meurt au Caire le 3 février 1975.

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Écrit par

  • : journaliste, ancien maître de conférences à l'université d'Alexandrie

Classification

Pour citer cet article

Raymond MORINEAU. OUM KALSOUM (1904-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Oum Kalsoum - crédits : Bettmann/ Getty Images

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