NICOLAS saint (IVe s. env.)
Fêté le 6 décembre, saint Nicolas est une figure majeure des chrétientés orthodoxe et catholique, patron de la Russie et de la Grèce, ainsi que de nombreuses villes. Il est aussi le saint protecteur des enfants et écoliers, des marins, des bateliers et de nombreux autres métiers.
La vie de saint Nicolas est méconnue par l’historiographie. On sait seulement qu’il fut au ive siècle évêque de Myre (ou Myra), métropole grecque de la province de Lycie située sur la côte sud de l’Asie mineure (aujourd’hui Demre, en Turquie). Il est mentionné parmi les évêques présents au concile de Nicée, en 325. La Légende dorée de Jacques de Voragine indique l’année de sa mort, en 343.
De nombreuses légendes exaltent sa générosité, ses dons de guérisseur – une comptine populaire française rapporte qu’il aurait ressuscité trois enfants dépecés par un boucher et placés dans un saloir ; des vertus miraculeuses sont aussi prêtées à ses reliques, qui entretiennent la ferveur de son culte. En 1087, des Italiens de Bari lancent une expédition sur la ville de Myre, tombée aux mains des Seldjoukides musulmans, et s’emparent d’une partie des reliques du saint pour les transférer dans leur propre ville, où sera érigée une basilique, nouveau centre de son pèlerinage, comme le deviendront plus tard Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine et San Nicolò al Lido à Venise.
Saint Nicolas devient extraordinairement populaire au Moyen Âge, grâce notamment aux représentations de mystères. Après la Réforme, il fut largement oublié dans l’Europe protestante, bien que sa mémoire survive en Hollande, sous le nom de Sinterklaas. Une légende y veut que saint Nicolas arrive d’Espagne en bateau le jour de sa fête et visite le pays à cheval, portant robe rouge et mitre d’évêque, suivi de Swarte Piet, « nègre Pierre », son acolyte tantôt dépeint comme un esclave affranchi, tantôt comme un Maure (jugée stigmatisante, la couleur noire de sa peau fait polémique). Ce serviteur en costume de page aide son maître à distribuer des cadeaux aux enfants sages, ou des pommes de terre, voire des coups de martinet aux enfants méchants (de là vient la figure du père Fouettard en France et en Belgique). Les Hollandais apportèrent cette tradition avec eux lorsqu’ils fondèrent la Nouvelle-Amsterdam, future New York ; saint Nicolas fut alors rebaptisé Santa Claus en Amérique du Nord. Réduite au prétexte commercial et publicitaire par les grands magasins au tout début du xxe siècle, la figure américaine de Santa Claus rejoint alors la Grande-Bretagne puis l’Europe et prend les traits du père Noël.
Le légendaire saint Nicolas est ainsi substitué ou associé à plusieurs autres fêtes folkloriques. En Italie, c’est le cas de la fée Befana (nom dérivé d’Epifania, Épiphanie), qui dépose, la veille de la fête des Rois (6 janvier), des sucreries ou du charbon dans les chaussettes laissées par les enfants près de la cheminée. En pays germaniques, sur les anciennes terres du Saint Empire (Lorraine, Alsace, Franche-Comté), ses acolytes sont les maléfiques Knecht Ruprecht ou Hans Trapp, tandis que le Christkindel(l’enfant Jésus personnifié) offre à son tour des présents. Devenu célèbre dans toute l’Europe et lointain ancêtre des proliférants marchés de Noël contemporains, le Christkindelsmärik de Strasbourg (marché de l’enfant Jésus) était aussi à l’origine un marché de la Saint-Nicolas.
Dans d’autres régions d’Europe du Nord, en particulier dans les Flandres belge et française, au Luxembourg et aux Pays-Bas, la fête de Saint-Nicolas reste l’occasion d’offrir aux enfants gâteaux, sucreries et cadeaux, mais elle s’efface progressivement devant sa principale concurrente, la fête de Noël.
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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